Selon lui, la présence de telles bases sur notre sol est incompatible avec notre souveraineté et notre indépendance. «L'Algérie n'acceptera pas l'installation sur son territoire de bases militaires, quel que soit le pays auquel elles appartiennent», a affirmé, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le chef de la diplomatie algérienne, M.Mohamed Bedjaoui. Cette déclaration, qui intervient une semaine après la visite de la sous-secrétaire d'Etat américaine à la diplomatie politique, Karen Hughes qui avait été reçue par M.Bedjaoui, clôt, définitivement, la polémique autour de l'installation de bases militaires US en Algérie. Des rumeurs accentuées par l'annonce faite par le Pentagone, d'implanter un commandement régional spécifique pour l'Afrique dans le cadre de la lutte antiterroriste. L'Algérie, qui a participé à une série de manoeuvres aussi bien dans le cadre de l'Otan que des opérations militaires menées dans la bande sahélo-saharienne conjointement avec l'Armée américaine, n'a ainsi fait que réitérer une de ses positions de principe. «Si cela était le cas, la réponse aurait été négative parce que nous considérons que la présence de telles bases sur notre sol est incompatible avec notre souveraineté nationale et notre indépendance». Ce qui apporte un démenti catégorique aux rumeurs savamment distillées à travers certains médias, faisant état de l'implantation d'une base militaire américaine dans l'extrême sud du pays. Les mêmes sources sont allées jusqu'à annoncer le nombre de marines qui y auraient pris position. Pour notre pays, c'est, avant tout, une question de souveraineté et M.Bedjaoui a tenu à le rappeler. Le ministre est allé loin, en affirmant qu'«aucun pays n'a formulé une demande dans ce sens, auprès des autorités algériennes». Par ailleurs, ne voulant pas s'immiscer dans la décision des Etats-Unis d'implanter un commandement régional en Afrique, M.Bedjaoui fera savoir que «c'est une décision propre aux Etats-Unis», rappelant que l'Algérie mène avec ce pays une «coopération tout à fait féconde en matière de lutte antiterroriste» avant d'ajouter: «Je n'ai pas été saisi et je ne vois pas pourquoi l'être. J'ai appris cette décision, comme tout le monde, à travers les médias». Il convient de rappeler que lors de sa dernière visite en Algérie, la sous-secrétaire d'Etat américaine, Karen Hughes, n'a pas manqué de relever que «les leçons à tirer de l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste sont très importantes pour nous». La visite de Mme Hughes s'inscrit en droite ligne de l'annonce quelques jours auparavant, par le président G.W.Bush, du commandement du Pentagone pour l'Afrique. A ce sujet, la diplomate américaine avait estimé que «cette section nous permettra d'être plus efficace et d'avoir un travail de proximité avec les peuples africains». Il est donc clair, à l'issue des déclarations de M.Bedjaoui, que le territoire algérien ne sera pas intégré dans le commandement régional Maghreb-Sahel que les Etats-Unis veulent établir au sud du Sahara pour lutter contre le terrorisme. «Le territoire algérien n'est pas concerné par le commandement américain projeté», note le ministre, qui a toutefois souligné que l'Algérie, de par son expérience, est solidaire de tous les pays touchés par ce fléau, comme en témoigne la signature de convention de coopération en matière de lutte antiterroriste avec les Etats-Unis. «L'Algérie a, tragiquement, souffert du terrorisme, qu'elle a combattu seule et, malheureusement, dans l'indifférence de l'opinion internationale. Certes, il y a eu des pertes humaines et matérielles considérables, mais le pays est sorti victorieux.» En somme, le mérite de la déclaration de M.Bedjaoui est non seulement d'écarter d'un revers de la main toute possibilité d'implantation des bases militaires étrangères, mais surtout de rappeler que notre pays a été l'un des premiers au monde à avoir combattu, des années durant, le terrorisme et tiré la sonnette d'alarme quant au caractère transnational de ce phénomène.