Verdict sans appel de Yahia Guidoum sur le sport algérien: négatif sur toute la ligne! Bon, c´est vrai que nos sportifs ont glané quelques médailles aux Jeux méditerranéens 2005 qui se sont déroulés en Espagne, où l´Algérie s´est classée neuvième derrière les pays européens mais aussi derrière des pays arabes comme l´Egypte, le Maroc ou la Tunisie. Quelques médailles sans plus. Pas de quoi pavoiser et personne n´a songé à le faire. Certes nos sportifs primés n´ont pas démérité mais ils n´ont pas été accueillis en héros à l´aéroport Houari Boumediene d´Alger. Une hirondelle fait-elle le printemps? Zappé les Morsli, les Boulmerka, les Bénida Merah.Tout cela c´est du passé. La dernière fois que l´Algérie avait été qualifiée pour la coupe du monde, c´était quand déjà? On ne s´en souvient plus. Les Algériens de moins de vingt ans ne connaissent rien de l´épopée des Madjer, Beloumi, Assad. C´est le football, sport roi, qui tient le haut du pavé. C´est normal pour les émotions et les décharges d´adrénaline qu´il procure aux spectateurs et aux mordus de la balle ronde, de tout âge et de toute condition. Rien d´autre ne fait pousser un même cri de joie qu´un but dans les filets adverses. Pourtant, cela n´autorise pas à mépriser les autres disciplines, comme l´athlétisme, le cyclisme, autre sport populaire par excellence, ou bien en Algérie la voile, avec les 1200 kilomètres de littoral. On néglige sans raison le sport du Sud, avec ses grands espaces et le sentiment de liberté et de sensations fortes que chacun ressent au Sahara, de Timimoun à Tamanrasset, et toutes les possibilités qu´il y a à promouvoir le sport dans cette vaste partie du pays. Et pourtant, malgré toutes ces potentialités, le pays a laissé péricliter le sport, toutes disciplines confondues, et Yahia Guidoum a raison de dire qu´il faut agir en chirurgien. Pour une fois on est d´accord avec lui. A cent pour cent! On connaît tous les méthodes de travail musclées de Yahia Guidoum, méthodes qu´il a testées au ministère de la Santé, et son cri de guerre favori: «Tu es viré !» devant les caméras. Pour beaucoup de gens, ses sorties sur le terrain, ses visites inopinées, n´ont aucun effet. Certains n´y voient que du chiqué. Du cinéma! Faut-il être d´accord avec eux? Non, le pays et le monde sportif ont besoin d´un électrochoc pour que les choses soient remises sur les rails. Même si Yahia Guidoum finit par se faire rembarrer, ce qui n´est pas à exclure, et quitte le gouvernement, son parler vrai est indispensable! Le sport national a besoin d´un remède de cheval, et d´abord au niveau des mentalités pour ne pas continuer à sombrer davantage dans la médiocrité, l´affairisme, les magouilles à tous les niveaux. Ceux qui profitent de cette situation de troubles sont les premiers à souhaiter le départ de Yahia Guidoum et son remplacement par quelqu´un de plus « cool » ! En demandant à Dieu d´exaucer leurs voeux. Guidoum n´ignore pas que la situation de la sélection nationale est complexe, qu´il faut d´abord redéfinir les rapports de l´argent et du foot, s´intéresser davantage à la formation , au recrutement , au suivi. «Il y a trop d´argent dans le foot, dit-il. On achète les joueurs à des sommes faramineuses et tout d´un coup on se plaint du manque d´argent», avant d´ajouter: «La première chose à faire est de moraliser... Il faut que chacun se conforme à la loi. Quand l´Etat donne un dinar, il doit être en mesure de le contrôler et cibler ce qu´on fait de cet argent.» Et si ce n´étaient que des paroles en l´air? Guidoum a parlé. On verra ce que fera le chirurgien, avec son scalpel. Opérera-t-il dans le vif du sujet et de la maladie qui ronge le sport national?