Les hésitations et les tergiversations pèsent sur les réformes économiques. Les politiques sectorielles demeurent encore livrées à l'incertitude et à l'hésitation, en matière de choix stratégique. Et l'épreuve de l'ouverture de l'économie, à termes maintenant échus, risque d'être fatale pour de nom- breux secteurs d'activités, si les restructurations, les mises à niveau des réformes continuent de pâtir de tergiversations dont les intérêts de groupe s'en font bien l'écho. L'on retrouve ce constat dans le rapport de conjoncture établi par le Cnes pour le second semestre 2002, qui sera soumis à la 22e session plénière, qui s'ouvrira demain au Palais des nations. Le Cnes évoque «des blocages» qui persistent à freiner la relance de l'économie nationale. Il s'en tiendra à cette lecture sans trop de détails. Mais tout porte à croire que l'allusion est faite aux éventuels désaccords qui pourraient exister au sommet de l'Etat. L'institution de M. entouri avait fait, rappelons-le, allusion à ce sujet lors de sa dernière session. «Ces tergiversations» influent directement sur les politiques engagées par les pouvoirs publics. En effet, en dépit «des efforts déployés sur le plan économique», le domaine social reste caractérisé par les multiples foyers de tension. La contestation sociale a connu une ampleur de plus en plus importante. Il en veut pour preuve, l'augmentation de nombre de grèves, passant de 90, au premier semestre 2002, à 95 au second semestre 2002. La colère a touché plusieurs secteurs tels que l'éducation nationale, la santé...et ce, autour des principales revendications sociales, telles que le logement, l'eau et les salaires. Selon le rapport du Cnes, l'Etat a consacré l'année dernière près de 102 milliards de dinars, soit 27 % de l'enveloppe globale allouée au plan de soutien à la relance économique pour l'année 2002, à l'amélioration de la vie sociale des citoyens. Le secteur de l'habitat occupe la première place avec 55,6 milliards des dinars, même si sur le terrain le nombre de logements distribués a diminué de plus de 20.000 unités par rapport à l'année précédente.Les autres secteurs concernés sont, l'énergie (15,5 milliards), les P et T (8,5 milliards), et l'eau (8,5 milliards). Le taux de chômage continue de flirter avec la ligne rouge en touchant 28 % de la population, même si des efforts ont été entrepris avec la création de 475.400 postes d'emploi dont 49% permanents. Dans le même cadre 22.000 sociétés dont 96% dans le secteur privé ont été créées. Quant au secteur agricole, il demeure dépendant de la donnée pluviométrique. Il a connu un recul de -1,3. La production des céréales a enregistré une forte baisse (7 millions de quintaux au lieu de 26 millions récoltés entre 2000 et 2001). Ce qui démontre les limites du Plan national de développement agricole (Pnda). L'apport du Psre a été «significatif» en matière de déficits sociaux et dans le désenclavement des populations dont la situation économique s'est fortement détériorée ces dernières années, néanmoins, ajoute le rapport, «les retards et l'hésitation dans le rythme et la conduite des réformes économiques pèsent lourdement sur les performances des secteurs traditionnellement porteurs de croissance». Il plaide à ce sujet pour un débat large serein et organisé «pour aplanir les divergences des intérêts et des points de vue». L'année 2002 a été marquée par des équilibres macroéconomiques mieux consolidés et une croissance «appréciable» mais qui reste «insuffisante» par rapport au potentiel de certains secteurs en recul. Les indices ont enregistré un taux de croissance global estimé à + 4,1% hors hydrocarbures. Ce taux est de 5,2%, une inflation maîtrisée, 1,4% contre 4,2% en 2001, accroissement de l'épargne sur fond de stabilité des prix. Par ailleurs l'encours de la dette a enregistré une hausse de 3%, l'équivalent de 500 millions de dollars. Cette augmentation est due essentiellement à «la reprise des crédits de financement, la dévaluation du dinar algérien par rapport à l'euro et au dollar». Par ailleurs, l'institution de M.Mentouri interpelle les pouvoirs publics sur l'urgence de prendre en charge la mise à niveau des entreprises publiques et privées dans la perspective de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce et autres échéances internationales. Au même chapitre, il est à noter que la production industrielle a augmenté de 2,5 % entre 2001 et 2002. Elle est tirée principalement à la hausse par le secteur privé. Concernant l'activité commerciale, elle a été marquée par la stabilité de l'offre et de la demande. Sur le plan externe, le niveau de l'exportation a atteint les 9,55 millions de dollars contre 10,12 millions, soit une augmentation de 29,90%, pour les importations. Concernant le chapitre des investissements, l'Agence nationale de développement des investissements (Andi) a enregistré plus de 3000 intentions d'investissement ave aux de réalisation qui demeure inconnu en l'absence de suivi des projets programmés. La mobilisation de l'épargne des Algériens en France constituera un apport réel et appréciable au développement national pour peu que soient réunies les conditions nécessaires facilitant un niveau de transfert plus important qu'il ne l'est actuellement, souligne le rapport du Cnes. Ce dernier cite «des statistiques officieuses», pour indiquer que les sommes réelles transférées par les Algériens de France vers le pays avoisineraient les trois milliards de dollars par an, mais seuls moins de 10 % ( 106 millions de dollars) de ce montant sont transférés par les circuits officiels. Des donnes du ministère des Affaires étrangères précisent que le nombre de ressortissants immatriculés au niveau des postes consulaires en France et de 1,100 million de personnes en 2002, alors que les personnes algériennes ou d'origine algérienne seraient près de 2,5 millions selon le ministre français de l'Intérieur. Le Cnes remarque qu'en dépit de cette importante communauté, la plus grosse partie des devises qu'elle procure continue d'alimenter «des voies parallèles» face à l'absence d'un dispositif adéquat au niveau des banques.