Le niveau de vie de la population connaît une régression. Le domaine social continue à être caractérisé par de nombreuses distorsions et une gouvernance aléatoire qui contribue à exacerber les contradictions sociales et à créer de multiples foyers de tension, note le CNES dans son rapport de conjoncture économique et sociale du 2e semestre 2002. Le mécontentement social persiste et se manifeste aussi bien dans les cadres organisés que non organisés. Les revendications salariales dans le secteur de l'éducation et de la santé, les multiples manifestations en divers endroits du territoire national autour des questions de l'eau, du logement, de l'emploi témoignent de ce mécontentement. Le nombre de grèves a augmenté, passant de 90, au second semestre 2001, à 95 au second semestre 2002. Le CNES note que les limites reconnues aux efforts de rationalisation et d'optimisation des opportunités d'emploi se conjuguent à l'inertie observée face à l'élargissement préoccupante de la sphère informelle et des zones de non-droit, “dont on semble attendre des solutions alternatives et spontanées au déficit de création d'emploi”. Le Conseil national économique et social pense que la population “reste encore livrée aux insuffisances des niveaux de prises en charge des besoins sociaux malgré la mise en œuvre du plan de soutien à la relance économique, qui a permis des rattrapages importants mais insuffisants, compte tenu des retards accumulés et de l'urgence des situations”. En matière de niveau de vie par exemple, le CNES, reprenant à son compte les résultats de l'enquête de l'ONS sur la consommation en 2000, note le recul de la consommation des ménages de l'ordre de 4% par rapport à l'année 1998, soit une baisse annuelle de 0,27%. Pourtant la conjoncture économique fait apparaître, pour l'année 2002, une évolution positive : amélioration du niveau de croissance, consolidation des agrégats financiers et accroissement du niveau de l'épargne sur fond de stabilité des prix. Le produit intérieur brut (PIB) enregistre un taux de croissance de 4,1% ; hors hydrocarbures, ce taux est de 5,2%. Le taux d'inflation est estimé à 1,4% contre 4,2% en 2001. Mais, de l'avis du CNES, cette croissance reste insuffisante au regard des besoins économiques et sociaux pendant longtemps comprimés et des possibilités offertes par rapport aux excédents monétaires et financiers disponibles et des capacités de redéploiement. La croissance de la sphère réelle a été principalement tirée par le BTPH et les services. Si globalement la production industrielle a augmenté de 2,5% entre 2001 et 2002, elle est tirée principalement à la hausse par le secteur privé. L'indice de production du secteur public est estimé à -0,9%. Les conditions de la durabilité de la croissance n'existent pas encore. C'est que, selon le CNES, les politiques sectorielles demeurent malheureusement encore livrées à l'incertitude et à l'hésitation, en matière de choix stratégiques. Et l'épreuve de l'ouverture de l'économie, à termes maintenant échus, risque d'être fatale pour de nombreux secteurs d'activités si les restructurations, les mises à niveau et les réformes continuent de pâtir de tergiversations dont les intérêts de groupe s'en font bien l'écho. Des questionnements importants et récurrents sur le contenu des réformes, leur rythme de conduite et le consensus préalables, ne sont pas encore tranchés. La valse de décisions et de projets aussitôt annoncés aussitôt retirés dénote, si besoin est, les divergences des intérêts et des points de vue que seul un débat large, serein et organisé serait à même d'aplanir. Seulement, note le CNES, “il faut retenir que l'aggravation des contraintes qui pèsent sur l'environnement de l'entreprise, la déshérence des entreprises publiques qui poursuivent leur lente dérive, ne semblent susciter aucune réaction concrète de la part des pouvoirs publics en dehors de la révision des dispositifs de gestion des participations de l'Etat et de mettre en projet d'autres révisions de texte”. Le CNES soutient que le processus de négociation quant à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC ou à des espaces de ce genre est marqué par de nombreuses ambiguïtés. “Comment peut-on entreprendre de s'engager dans des processus dont on connaît les règles et les procédures quand, dans le même temps, des décisions importantes de mise à niveau sont sans cesse reportées ?”, s'interroge le CNES. M. R.