La lenteur et l'incertitude observées dans la conduite des réformes économiques et des privatisations mettent d'emblée en évidence « le problème de gestion », dont « souffrent » les structures de l'économie nationale. Tel est en substance le constat établi par le Conseil national économique et social (CNES) quant à la mise en œuvre des principaux chantiers de la réforme. A travers son projet de rapport sur la conjoncture économique et sociale du premier semestre 2004, le CNES relève ainsi que des « atermoiements sont observés en matière de réformes économiques et de privatisations ». Ce constat, est-il souligné, « fait remonter en surface le problème de gestion, dont souffre l'économie nationale, avec la prédominance des systèmes rentiers dont un certain nombre se nourrit de réseaux clientélistes ». S'ajoutent à ces principales forces d'inertie une « emprise de plus en plus grande de l'économie informelle et de ses réseaux, avec une opacité des processus décisionnels à un certain nombre de niveaux », mais également « des systèmes de gestion et de gouvernance dépassés ». Tout en mettant en évidence ces nombreuses contraintes qui freinent la mise en œuvre des réformes et des privatisations, le CNES ne manque toutefois pas d'avertir contre « le risque de voir se généraliser les pratiques de vente à tout prix du patrimoine de la collectivité nationale au détriment des capacités du développement futur ». De façon générale, est-il relevé, les politiques économiques menées en Algérie continuent d'être tournées beaucoup plus « vers le court terme », réduisant ainsi « la visibilité des moyens » et occultant « les perspectives stratégiques ». Evoquant, en ce sens, le plan quinquennal de consolidation de la croissance économique auquel les pouvoirs publics envisagent de consacrer une enveloppe de 50 milliards de dollars, les experts du CNES soulignent que « l'intérêt et l'opportunité d'un tel plan » dépendent non seulement de l'impératif de « tirer les enseignements » du premier Plan de soutien à la relance économique (PSRE), mais aussi de l'exigence de « réhabiliter les outils de programmation et de planification ». Dans ce même ordre d'idées, les experts du CNES soulignent par ailleurs le paradoxe manifeste entre « l'accroissement important des investissements dans le secteur de l'agriculture et la hausse constatée de la facture alimentaire ». A travers le PSRE et le Plan national de développement agricole (PNDA), l'Etat, est-il noté, a pu « imprimer une impulsion budgétaire à la croissance économique grâce à ses recettes extérieures exceptionnelles ». Cependant, s'interrogent les experts du CNES, « cette capacité de financement public est-elle durable et reproductible dans les années à venir ? » . Et d'estimer en ce sens que l'économie nationale a surtout besoin d'« une forte impulsion des réformes économiques », d'« un certain nombre de changements dans les domaines de l'organisation et de la gestion » et enfin d'« une plus grande visibilité au niveau stratégique ». Sur un autre registre, souligne au demeurant le rapport du CNES, la hausse de l'euro induit non seulement une augmentation de la facture des importations, mais aussi un renchérissement des prix sur le marché national ainsi que des coûts additionnels quant au service de la dette. S'agissant enfin de l'appréciation du risque Algérie, il est relevé qu'au niveau de l'OCDE il y a actuellement un consensus afin de maintenir la notation du risque investissement au niveau 4 sur une échelle de 7.