Il y a, malgré la morosité ambiante due, moins à une sécheresse persistante qu´à une érosion constante du pouvoir d´achat, au moins des nouvelles qui réchauffent un peu le coeur. Evidemment, ces nouvelles réconfortantes ne viennent pas d´une de ces 48 wilayas où la corruption le dispute à l´immobilisme, ni d´un des ces pays du Grand Moyen-Orient où la rue reproduit fidèlement les plans des potentats, où les voitures piégées sont autant d´échos à l´entreprise de déstabilisation initiée par les armées et les consortiums anglo-saxons. Les nouvelles qui font plaisir et qui font dire que, finalement, tout n´est pas perdu, qu´un meilleur avenir peut se concevoir au nez et à la barbe de l´Oncle Sam, viennent de l´Amérique latine, véritable laboratoire où se préparent, peut-être pour demain, d´autres relations plus équilibrées entre les pays du tiers-monde et leurs tuteurs autoproclamés du Nord. Au moment où tout le monde retient son souffle à l´annonce d´une possible réapparition du Lider maximo au défilé gigantesque qui a marqué l´anniversaire (le cinquantième, pour dire que les révolutions ont la peau dure) du débarquement des barbus qui vont entretenir l´étincelle qui illuminera le continent, une autre réunion, plus préoccupante celle-là, s´est tenue à Riga, groupant les anciennes puissances coloniales et leurs féaux assemblés sous le sigle désuet de l´Otan, appareil militaire qui semble s´être converti pour de futures croisades. Si à la Havane le Lider maximo n´a point paru à cause de la dégradation de son état physique, son ombre monumentale a plané sur tout le continent: de Miami jusqu´à Santiago du Chili, des coeurs ont vibré pour célébrer l´espoir semé par la révolution cubaine. Finalement, le rêve de Che Guevara n´est point mort: lui qui rêvait de deux ou trois Vietnam pour faire fléchir l´impérialisme anglo-saxon, aurait trouvé matière à satisfaction devant le printemps tardif qui éclôt au sud du nouveau mur électrique dressé par les USA sur leur frontière avec le Mexique. Au Nicaragua, c´est le parti sandiniste qui eut à affronter la contre-révolution armée et dirigée par les USA qui triomphe à l´élection présidentielle. Le Brésil réélit Lula, le syndicaliste populiste et le Venezuela acclame à nouveau Hugo Chavez, disciple de Fidel Castro. Il ne faut pas oublier la Bolivie où une nouvelle loi vient de rendre à ce peuple la propriété des gisements des hydrocarbures. Et si à Santiago, c´est une socialiste bon teint bon genre qui essaie de maintenir un cap difficile à tenir, l´agonie du vieux dictateur Augusto Pinochet semble sonner le glas des régimes inféodés au capitalisme à visage inhumain. Il n´y a que dans les pays arabes où les dissertations des prêcheurs sur le hidjab, le voile ou les boissons alcoolisées semblent dominer l´actualité que les régimes au pouvoir, tout comme les oppositions exprimées, semblent encore s´accommoder de la tutelle du grand frère. Peut-être que le grand sursaut ne saurait tarder.