Sidi Saïd se frotte les mains! De satisfaction, bien sûr! La victoire de Bouteflika semble être celle de la Centrale syndicale dont le numéro un a appelé à voter en masse pour le candidat du consensus national. Le candidat à la magistrature suprême n´avait pas manqué, au cours de sa campagne, de promettre une augmentation du Snmg s´il venait à être reconduit dans ses fonctions. Donc, chose promise, chose due! Et Sidi Saïd n´aura plus qu´à présenter la note à ceux qui ont la responsabilité de déterminer le salaire national minimum garanti. Cependant, à travers les spéculations faites ici et là sur la consistance de cette augmentation, il ressort que les ambitions de la Centrale syndicale, qui est restée jusqu´ici dans une prudente réserve devant l´érosion du pouvoir d´achat des travailleurs, sont mesurées puisque les chiffres annoncés ne concordent point et ne sont pas de taille à mettre en danger les équilibres budgétaires de la nation malgré une baisse importante des prix des hydrocarbures. Donc, à la veille du 1er Mai, l´affaire semble mal barrée pour les revenus modestes qui sont les premières victimes d´un système de rémunération contrôlé par le FMI. Chaque fois que le front social est en ébullition et qu´il faut ouvrir des soupapes de sécurité, des voix s´élèvent ici et là pour s´opposer à une quelconque hausse des salaires. Les arguments sont simples: la stagnation de la production hors hydrocarbures d´une part, et d´autre part, l´abondance de la masse monétaire qui serait émise ne profiterait qu´aux importateurs. Or, ces voix étaient frappées de mutisme quand des catégories sociales ont vu leurs salaires connaître une hausse vertigineuse. L´érosion du pouvoir d´achat des agents employés dans les entreprises et le secteur publics entretient la grogne générale et a provoqué une hémorragie sérieuse des compétences qui ont émigré vers le secteur privé ou vers l´étranger. Les entreprises pour conserver une quelconque crédibilité sont amenées par la force de la concurrence à réajuster les salaires. Cette augmentation du Snmg va entraîner une hausse des salaires à tous les niveaux et dans tous les secteurs (hormis les secteurs de l´informel). Cette hausse des salaires, cependant, doit dépendre avant tout d´un étude sérieuse, comme celle faite bien avant par le Cnes, des besoins d´une cellule familiale moyenne. A quoi bon proposer une hausse de 4000 à 7000 DA par mois quand on sait que depuis des années les salaires se sont vus doublés par les prix. La raison est simple: d´une part, les prix sont déterminés par la loi de l´offre et de la demande (on l´a vu récemment pour la sardine et la pomme de terre) et surtout par le contexte économique international, puisque 80% de la consommation nationale sont importés et, d´autre part, les salaires (dans le secteur public) sont déterminés par une décision administrative. Il y a tant de facteurs qui entrent dans la prise de cette décision (en premier lieu, la conjoncture politique), que le temps de la proposer, d´en étudier les tenants et les aboutissants, de l´appliquer, les prix auront fait plusieurs fois le tour du soleil. C´est ce qui explique en partie, la difficulté d´être de ceux qui n´ont qu´un salaire comme revenu ou qui se démènent pour avoir une seconde occupation. C´est aussi la raison pour laquelle les candidats à la harga sont toujours aussi nombreux: combien faut-il d´années de travail à un jeune qui aura la chance de trouver un emploi, pour acheter un logement (ou de faire face à un loyer exorbitant), pour se marier et envisager de mener une vie normale, sans avoir à trafiquer! La fixation du Snmg demeure, de ce fait, une décision arbitraire: dans les pays développés où les partenaires sociaux ont des relations équilibrées, c´est un salaire minimum de croissance qui est indexé sur le coût de la vie, qui sert de référence.