Pour avoir connu les conditions dans lesquelles ont travaillé les réalisateurs et les journalistes de l´Unique, il est un devoir de rendre hommage à tous ceux dont la passion, l´opiniâtreté et l´amour du métier ont permis d´aller au bout de leurs idées. Il y avait tant d´obstacles à surmonter que le maigre salaire ou cachet qu´ils devaient toucher peut sembler dérisoire au regard des efforts qu´ils ont fournis. S´il y a une palme d´or à donner, je pense, à mon humble avis, qu´il faut la rendre à la série Les gloires du passé avec tous les hommages inhérents aux glorieux combattants pour les bonnes causes. D´abord, il faut saluer la mémoire de Rabah Saâdallah pour son courage et sa force de travail et la passion qu´il déploya pour concevoir cette vaste galerie de portraits de personnages attachants que furent les grands sportifs algériens qui ont connu le code de l´indigénat. Rabah était un acharné du travail: il collectionnait les coupures de presse et avait un stock impressionnant de documents concernant les activités sportives des Algériens. Il avait réussi à retrouver les adresses des familles des sportifs disparus et à interviewer (avec la fougue qu´on lui connaît), à rassembler les photos et les vieux souvenirs rattachés au passage fugace de ces champions dans la mémoire collective. Evidemment, on ne peut pas oublier la voix enthousiaste de Nasreddine El Aacimi qui écrivit et lut le commentaire de ces documentaires avec le brio qu´on lui connaissait et qui faisait ressusciter la période des émissions Rythmes et chansons qu´il animait à la salle Pierre-Bordes. Les gloires du passé furent, hélas, pour ces deux protagonistes leur dernier chant du cygne. Il faut aussi rendre hommage au directeur de la production des émissions, M. Kamal Bendissari, grand reporter devant l´Eternel sans qui ces émissions n´auraient pas existé. Il faut se rendre à l´évidence que fouiller dans le passé des gens est une tâche assez délicate. Rabah Saâdallah avait réussi le tour de maître à faire venir à la télévision, l´ancien champion de boxe, Chérif Hamia, muni d´un film qui retraçait les combats qu´il avait menés contre des challengers du monde entier. C´était à une époque où l´Algérie menait un combat libérateur contre un colonialisme féroce. C´était un temps aussi où il était dur d´être Algérien et champion en même temps. C´est avec une voix remplie de tristesse que l´ancien champion raconta le combat où il devait «se coucher» pour ne pas voir le drapeau français monter...Il avait été contacté juste avant le match par un homme qui disait être du FLN et qui lui avait enjoint de perdre le combat au nom de la lutte que ses frères menaient pour la liberté. Chérif Hamia dut encaisser les coups sans rechigner et il perdit un match qu´il aurait pu gagner, les doigts dans le nez. Après l´indépendance, avec l´âge, l´ancien champion connut des déboires dans sa vie professionnelle et il ne put jamais retrouver le responsable FLN...Une fin pathétique pour un homme d´un tel talent. Ainsi, accepter de participer à une élection où les résultats sont connus d´avance, c´est accepter de se coucher pour une cause...