Rencontre n Ancien directeur de la Cinémathèque algérienne, M. Karèche a été, jeudi, l?invité de la filmathèque Mohamed-Zinet, à Riad El-Feth, pour présenter son livre, Un jour, un film, paru aux éditions Jazz Editions. Devant une assistance nombreuse, Boudjemaâ Karèche dira : «Heureusement qu?il y a encore des gens qui savent qu?il y a le livre, qui s?intéressent à un film», puisque de nos jours aussi bien l?édition que le cinéma connaissent une crise aiguë de lectorat et de public. Les éditeurs tirent des livres seulement à quelques milliers d?exemplaires, les salles de cinéma n?existent plus et les rares, qui restent encore ouvertes, sont désertées : Ces faits, Boudjemaâ Karèche les déplore et il s?indigne même, mais il garde toujours un sourire et sa bonne humeur, car rien n?est encore perdu, même si la situation culturelle s?est détériorée ces quinze dernières années. «Il y a heureusement un film à voir, un texte à lire, une musique à écouter?», souligne-t-il avec son humeur enjouée. Et c?est ce qui l?a amené à écrire son livre, Un jour, un film, parce qu?il y a toujours, aussi bien dans les meilleures conditions que dans les situations les plus défavorables, tant de choses à faire et à dire, à commenter et à faire connaître. 35 années à la Cinémathèque algérienne ! : durant toute sa carrière, Boudjemaâ Karèche a vu des films, a connu des cinéastes, des acteurs et nombre de gens du 7e art. Il a côtoyé de près ? et intimement ? le cinéma dans sa diversité et sa complexité pendant que la Cinémathèque, haut lieu de l?expression cinématographique, avait atteint son âge d?or, lorsqu?elle affichait complet et accueillait de grandes personnalités du 7e art tant algériennes qu?étrangères. Mais aussi durant sa déliquescence dans les années 1990. Toute cette expérience acquise, tout ce savoir accumulé, Boujemaâ Karèche, un nom associé à la cinémathèque ou au musée du cinéma, il le dit dans son livre et il le partage avec le lecteur. Il raconte ce monde qu?il ne connaissait pas et qu?il a découvert «alors que je n?étais pas cultivé», dit-il avec humour. Cet univers l?a fasciné d?une manière telle qu?il a fait de son métier une passion. «J?aimais mon métier», confie-t-il. Et d?enchaîner : «En me réveillant le matin, j?étais content d?aller travailler.» Ainsi, le cinéma, la cinémathèque, c?était sa carrière, sa passion, sa vie. «Le cinéma est fondamental», affirme-t-il. «On apprend le monde, la vie, les gens à travers un film». Et de plaisanter : «J?ai appris l?amour, à caresser les cheveux d?une femme à travers le cinéma.» Sur la situation actuelle des salles de cinéma, Boudjemaâ Karèche déplore l?absence de volonté politique. «L?argent, il y en a, mais ce qui manque, c?est bien une volonté politique , c?est facile de projeter un film, mais le plus difficile c?est d?avoir un public.» Il faut réfléchir de manière à réhabituer le public aux salles de cinéma. En conclusion, Boudjemaâ Karèche dira : «Il faut faire une réflexion qualitative sur la gestion des salles, il faut faire une démarche audacieuse : donner les salles de cinéma à ceux qui veulent faire du cinéma.»