La révision du Code de la famille peut diminuer le taux de ce phénomène en Algérie. La question de la délinquance des mineurs a fait l'objet d'une étude dans le rapport du Conseil national économique et social (Cnes). Ce dernier évoque un «danger qui a pris de l'ampleur et qui a également changé de visage, de forme et de nature». A partir des données fournies par la Direction générale de la sûreté nationale, le Cnes a enregistré environ 48.000 mineurs, de 1998 à 2002, concernés par ce phénomène, dont plus du quart (26,5%) en 2002. Quant aux victimes mineures de crimes et délits, elles sont passées de 1800 en 1998 à 2298 entre 1998 et 2002, soit un accroissement de plus de 25%. Le rapport révèle que la tranche d'âge 16-18 ans représente 57% de l'ensemble des jeunes délinquants, suivie du groupe d'âge 13-16 ans avec 4273 jeunes impliqués (37%). Les enfants délinquants de moins de 13 ans sont 1 050, soit seulement 8% de l'ensemble. Par ailleurs, le nombre de mineurs en liberté provisoire est très élevé ; il représentait en 2002, plus de 73% d'impliqués. Par sexe, on relève une prédominance de garçons représentant ainsi 97% d'impliqués recensés. Par nature d'infractions, les vols sont prédominants avec 40,06%, suivis de Coups et blessures volontaires (CBV) avec 29,2 % de l'ensemble des délits. La répartition par régions révèle qu'en 2002, le nombre le plus élevé des délinquants impliqués se situe à l'est du pays avec 5 535 impliqués, représentant près de 2,5 fois plus le nombre de délinquants de la région Centre. La région Ouest arrive, quant à elle, en deuxième position. Le phénomène, précise le rapport, est lié à un cumul de dysfonctionnements des institutions de l'Etat et de la famille. Il est établi que l'instabilité, la dislocation ou la désintégration de la famille - dues à la mésentente entre parents - le divorce, ou encore le processus de scolarisation, constituent les principaux vecteurs du phénomène de la délinquance en Algérie. Quant aux chiffres très effarants concernant, à titre d'exemple, la déperdition scolaire, le Cnes a enregistré qu'elle reste très élevée ces dix dernières années. En effet, si pour la tranche d'âge 6-12 ans, la part des non-scolarisés est quasiment nulle, de 16 à 17 ans, elle représente plus de la moitié (54, 2%). Elle atteint les trois quarts (75,2%) pour les 18 ans. Cette «population» est livrée au chômage en raison de l'insuffisance des capacités d'accueil dans les centres de formation professionnelle, de la sous-utilisation des capacités du privé et l'orientation de l'offre vers un public plus âgé. Dans notre pays, les pesanteurs socioculturelles et les difficultés économiques font que le divorce en augmentation est très mal vécu par les enfants. Selon les statistiques, la population divorcé est de 300.000 personnes dont 83% de femmes. Ces dernières, ayant plus souvent la garde des enfants, sont privées du domicile conjugal et sont rarement prises en charge par leur famille. A ce sujet, précise le rapport, «la révision du Code de la famille, notamment en ce qui concerne l'attribution du logement familial peut améliorer la situation des enfants.» Parmi les recommandations proposées par le Cnes pour résorber l'ampleur de la délinquance juvénile, on retiendra le renforcement de la politique de soutien et l'aide à la famille, la mobilisation des efforts en vue de la réussite des programmes et des réformes, en faveur de l'amélioration de la scolarisation, de la promotion de la qualité de l'éducation et des activités sportives et des loisirs.