Ce fléau n'est autre que la résultante de l'absence de toute politique d'emploi. Le marché informel de-meure un sérieux obstacle à la promotion des investissements et une lourde charge pour la protection sociale et la solidarité nationale. Ce constat a été élaboré par le Conseil national économique et social dans une étude consacrée au marché informel en Algérie et ses conséquences sur l'économie nationale. Pour le Cnes, l'émergence du marché informel est le résultat de multiples facteurs dont la crise financière qui a secoué le pays, la libéralisation du commerce extérieur, la restructuration économique opérée par les pouvoirs publics, l'application du plan d'ajustement structurel et la compression des effectifs. Tous ces facteurs ont fait que le secteur informel a pris une ampleur démesurée. «Ce qui constitue une menace sur l'économie nationale et la société toute entière», souligne le Cnes dans son projet de rapport relatif à l'économie informelle qui devra être débattu lors de la prochaine session plénière de l'institution. Mais pour bien définir et situer le fléau, le Cnes s'est entouré de réflexions, d'opinions et d'avis d'acteurs et d'experts pour baliser le phénomène dans tous ses segments et méandres (souterrain, travail au noir, parallèle, etc.) afin de préciser les termes de référence aux plans conceptuels et méthodologiques. C'est dans ce sens que le Cnes présidé par Mohamed-Salah Mentouri a rencontré entre le 8 et 13 septembre dernier dans des rencontres-débats les représentants des institutions, des organismes et des associations concernés. Ces rencontres ont abouti à un même constat qui consacre l'illégalité des activités, le fort taux d'évasion et de fraude fiscale et sociale, les préjudices portés aux activités industrielles telles que les textiles et l'habillement, les cuirs, le Btph ainsi qu'aux commerces et aux services. Pour mettre un frein à ce phénomène, le Cnes préconise la réforme des lois et règlements (les systèmes douaniers, fiscal, le registre du commerce, le droit de travail et le droit social). Mais en aval, il faut d'abord identifier les éléments d'une stratégie de lutte contre le marché informel pour qu'il ne se généralise pas et ne se pérennise pas. Enfin, le Cnes préconise des mesures globales et sectorielles devant favoriser l'intégration de l'informel dans l'économie nationale. Sur un autre chapitre, le Cnes s'est penché sur la conjoncture économique et sociale du premier semestre 2003. Dans ce sens, les opérateurs économiques ont fait état des contraintes rencontrées dans leurs actions quotidiennes aux conseillers du Cnes. Ces derniers ont à leur tour confirmé la persistance de ces contraintes sociales en matière d'emploi, de revenus et de réponses appropriées aux besoins sociaux, en dépit des signes de bonne santé financière, illustrée, non seulement par les équilibres globaux, mais également par un accroissement de l'épargne publique et privée et une importante accumulation des réserves de changes qui sont estimées, selon le Chef du gouvernement, à 30 milliards de dollars. Cette impulsion «reste le fait des finances publiques pendant que le secteur réel et l'investissement privé et étranger tardent à se positionner», selon le Cnes. Au sujet des scandales ayant ébranlé la sphère financière et monétaire, le Cnes ne cache pas son désarroi devant «l'ampleur des préjudices causés et la vulnérabilité des dispositifs de contrôle et de supervision». Tirant la sonnette d'alarme, il souligne les risques encourus, en termes de désaffections susceptibles d'entacher le crédit de la place financière nationale. «Sous l'effet cumulé d'un volontarisme débridé et de pratiques couvertes d'une grande opacité». Enfin, le Cnes dans son rapport regrette le retard structurel de l'Algérie par rapport à ses objectifs d'adhésion à l'OMC. «Ces facteurs marquent la fragilité de l'économie nationale qui se répercute sur le social», note également le Cnes. Dans ce sens, il attire l'attention des pouvoirs publics sur les déséquilibres de répartition qui affectent la cohésion nationale et la stabilité sociale et la prolifération de l'informel en l'absence de politique de contenance.