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Le baiser de Abbas
Publié dans L'Expression le 24 - 12 - 2007

En bon samaritain, Nicolas Sarkozy a organisé une espèce de téléthon pour les Palestiniens. Ils en espéraient cinq milliards de dollars. Ils en ont eu sept. De la sorte, en dehors des besoins vitaux de la population de Cisjordanie, il y a de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards des «Abou» en tous genres.
Dans ce show qui ressemble à une vente de charité, Mahmoud Abbas et sa suite ont eu, dans les ors et lambris de la République, cette humilité à accepter des oboles même de leurs pires ennemis. L´histoire ne repassant jamais les plats, la délégation palestinienne n´a pas fait la fine bouche, comme naguère, devant certains donateurs encombrants, ni à bouder le plaisir quand l´occasion inespérée, de déposer un baiser sur les joues tendres de Condoleezza Rice, s´est miraculeusement présentée à Mahmoud Abbas. Dans ces conférences people, où il y a tout de même du grain à moudre et de la mondanité à bon marché, le caractère de ce qui a forgé le combat palestinien s´est fortement émoussé. Finie l´intransigeance dans les négociations, finie la détermination d´un peuple à récupérer toute sa terre. Les dignitaires de Ramallah s´inventant des paix, échafaudant des stratagèmes avec leurs mentors américains pour quelque mirifique Etat-confetti, voyagent, discourent et s´enrichissent alors que le sort de leur peuple est des plus tragiques.
Des dernières années de Arafat au règne chahuté de Abbas, l´Etat palestinien se démarque de ses fondamentaux pour baigner subrepticement dans le monde occidental. Il fuit avec ostentation, et il a raison, son humus arabe, pour se rouler dans les commandements de Bush. Et se fâche avec ses anciens sponsors, comme l´Algérie. Depuis 1993, sauf erreur, jamais un responsable palestinien n´a foulé le tarmac de Dar El Beïda.
La velléité de construire une ambassade à Alger est restée en plan depuis 1989. Pour faire bonne figure à l´étranger, Mahmoud Abbas préfère les lignes de Royal Air Maroc et jamais l´Algérie n´a été consulté pour quelque plan de paix qui soit. Peut-être sont-ce là des bouderies ou des représailles après que l´Algérie ait cessé de financer les beuveries, les parties fines, les cigares Cohiba des responsables palestiniens et d´alimenter de manière substantielle leurs comptes bancaires? Qu´importe!En tout cas, cette distance qu´ils observent vis-à-vis d´une Algérie pourtant solidaire et généreuse devrait nous permettre de redéfinir complètement nos rapports avec le Moyen-Orient arabe. D´autant que les échanges commerciaux (1% de notre balance commerciale) n´incitent nullement à quelque coopération active. Ne nous parviennent de ce cloaque que les prêches subversifs, le hidjab, le mauvais goût et les mélodies poisseuses de quelques starlettes siliconées. M.Medelci serait-il en mesure de redéfinir une Algérie bien installée dans sa méditerranéité, le regard rivé vers l´Occident, tout comme le font les Palestiniens, au demeurant? Peut-il nous guérir de cette schizophrénie où des Maghrébins vrillés à la modernité s´enfarinent dans les valeurs en toc du Levant? On en doute. Lors du procès de «Khalifa Bank», il déclarait un quotient intellectuel bien bas. S´il n´est pas en mesure de compter jusqu´à cinq millions d´euros, comment peut-il traiter de la complexité des rapports internationaux? Demandez-le à M.Belkhadem.
Compter jusqu´à cinq
Peut-on ne pas payer d´impôts sans porter préjudice aux finances publiques? Assurément, oui, affirmait récemment un haut cadre du ministère des Finances. Cette déclaration peut paraître surprenante où prêter à sourire, mais, en vérité, c´est la seule chose sensée qu´on ait entendue depuis 1962. En effet, l´impôt levé au niveau des entreprises ne représente que 8% de la masse fiscale algérienne, avec un baril à 60 dollars. Au niveau où il caracole ces derniers mois (90 dollars en moyenne), ledit taux n´a plus de signification statistique possible. Et puis, de toutes les façons, que fera-t-on avec tout cet argent? Notre capacité d´absorption ne dépasse guère 10 milliards de dollars/an, alors que les caisses débordent et que les banques se plaignent des sommes colossales qui saturent leurs coffres. Cette idée de supprimer l´impôt pour les entreprises est alors, disons-le, lumineuse. Elle permettra, si elle venait à se concrétiser, de renforcer les capacités de sociétés bringuebalantes, de réduire le chômage et surtout d´intégrer dans les circuits officiels l´économie trabendiste. Plus de 60% de ces sociétés, pour des raisons diverses, fuient l´impôt, car celui-ci est excessif et handicapant. M.Djoudi a eu là une idée lumineuse. Mais que peut-il quand son mentor établit crânement une loi de finances sur la base de 19 dollars le baril et que l´assemblée croupion ne sait même pas la lire? C´est, assurément, l´Arlésienne?
Salut Bob!
Bob est un chaoui comme on n´en fait plus, hélas! Trempé tout entier dans l´honneur et la dignité, il s´est attaqué frontalement à Boumédiène lors du coup d´Etat de 1965. Baroudeur en guerre, membre du bureau politique du FLN à 19 ans, il était de ce romantisme révolutionnaire qui confine à la pureté. Pourchassé alors, il s´est réfugié dans les bureaux de l´ONU à Alger avec sa femme Mya, apatride et fille d´un pasteur suédois qui exerçait dans le diocèse de Skikda. Exfiltrés, ils s´établirent aux Etats-Unis, seul pays qui leur accorda, -mais, oui!- l´exil politique. Journaliste, pourvoyeur d´armes pour les mouvements d´indépendance, il fit une brillante carrière dans les networks américains. Il couvrait les conflits en Afrique et en Amérique du Sud où il s´est tissé un réseau relationnel très dense, jusqu´à devenir l´intime de Kofi Annan. De nos nombreuses rencontres à New York où il habitait, il m´entretenait souvent de cet amour passionné pour le pays et de sa haine viscérale pour tous les imposteurs qui président à ses destinées. Mais voilà, il y a quelques mois, il a eu comme une prémonition. Il offrit tout ce qu´il avait accumulé dans sa vie à la Bibliothèque nationale. Plus de 3000 livres. Boubekeur Adjali, dit Bob, est mort dans l´indifférence. Ni le directeur light de la BN, ni le FLN, n´ont songé à honorer sa mémoire. Mais entre son FLN et celui de Belkhadem, c´est comme l´eau et le feu, le jour et la nuit, le bien et le mal. Ce sont deux parties antinomiques sous la même appellation.


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