Certains barons font perdurer l'anarchie pour perpétuer la main-d'oeuvre à bon marché. Tous les gouvernements successifs s'accordent à reconnaître que la pêche est un secteur stratégique tant par ses capacités de production que par la création d'emplois qu'il génère. Malheureusement, ce secteur est livré à lui-même, l'activité de la pêche est depuis l'indépendance entre les mains de certains barons amateurs qui font perdurer l'anarchie et s'érigent en lobby pour préserver le statu quo et perpétuer l'exploitation de la main-d'oeuvre à bon marché. A Annaba, la situation est alarmante et le constat amer d'une gestion catastrophique influant directement sur la qualité du produit de la mer et les conditions de vente, est connu. Le braconnage dans la zone interdite du Golfe en saison de ponte est un secret de Polichinelle. Outre la saleté, les odeurs nauséabondes et les aménagements anarchiques, l'insécurité qui règne au port de Annaba et l'immoralité de la profession ont encouragé les actes contraires aux bonnes moeurs et les bagarres au couteau ainsi que l'évasion fiscale et ce en l'absence de toutes statistiques sur les quantités de poisson qui entrent et sortent sans aucun contrôle. Les marins pêcheurs ne sont pas sortis de l'auberge à cause de la persistance des problèmes qui entravent le développement de la profession en l'absence d'un statut propre. Les pêcheurs n'arrêtent pas de se heurter à des obstacles qui montrent que la pègre du poisson veut toujours détourner cette richesse et tente encore d'accaparer la totalité de ce secteur. D'ailleurs, la visite du ministre de la Pêche, dernièrement, à Annaba n'a servi à rien, en l'absence d'une organisation rationnelle où les responsabilités sont mal définies et sans réelles compétences. Les jeunes pêcheurs en présence du ministre déclarent ne pas avoir bénéficié des microcrédits qui leur ont été attribués par le ministère de la Solidarité nationale. Ce dernier a dégagé une enveloppe financière de 5,4 milliards de centimes au profit de 179 jeunes pêcheurs démunis. Selon leurs témoignages, la vraie liste a été détournée et les nouveaux bénéficiaires sont soit riches, soit n'ont rien à voir avec le métier de pêcheur. En l'absence de l'Etat, le secteur de la pêche continue de subir la loi du plus fort et permet tous les excès, y compris le pillage et la destruction de la faune marine. Enfin, le ministre a promis de relancer ce secteur et annoncé que des projets de loi sont en cours d'étude pour fixer les devoirs et les droits du pêcheur.