Il n´ y a ni démocratie ni démocrates en Algérie. Tout n´est qu´opportunisme politique. Il est temps que nous revenions à plus de lucidité et d´arrêter de nous leurrer avec des concepts de gouvernance nés ailleurs, pour des peuples à l´histoire bien différente de la nôtre. Ya-t-il des démocrates dans la maison Algérie? Voilà deux décennies que la démocratie a été décrétée dans notre pays. Brutalement. Sans transition. Sans préparer ni les esprits ni les mentalités. Résultat des courses aujourd´hui: tout le monde y fait référence, mais personne pour en respecter scrupuleusement les règles. En 1991, deux ans après son instauration, le FIS l´a revendiquée pour exiger le maintien du deuxième tour des législatives qu´il allait incontestablement remporter. Ses adversaires politiques s´égosillaient à l´accuser de se servir de la démocratie pour mieux l´étouffer, une fois arrivé au pouvoir. Ce qui n´était pas faux. Reste que ces mêmes adversaires n´étaient malheureusement pas réputés pour être plus démocrates que le FIS qu´ils fustigeaient. Ils s´affublaient abusivement du titre de démocrates. Même les communistes s´en revendiquaient. Entre ces deux extrêmes, une foultitude de «sensibilités politiques» allait dans le même sens. C´était dans l´air du temps. A l´intérieur des innombrables formations politiques qui avaient vu le jour à la faveur de l´ouverture «démocratique», les choses se passaient autrement. Leurs leaders n´acceptaient les critiques qu´à l´intérieur des appareils. C´est-à-dire en vase clos. Toute critique publique était inadmissible et valait l´exclusion de son auteur. Un comportement hérité du FLN de 1962 à 1989. D´ailleurs, tous les «créateurs», ou presque, des nouveaux partis étaient eux-mêmes issus du parti unique. Deux décennies au cours desquelles personne n´a pu assister à un débat entre «démocrates» sans qu´il débouche en foire d´empoigne et où la tolérance était une vertu totalement inconnue. A ce jour, tout le monde invoque la démocratie quand cela l´arrange mais la piétine aussitôt dès qu´il se trouve en panne d´arguments. Que cesse le cinéma! Il n´y a ni démocratie ni démocrates en Algérie! Tout n´est qu´opportunisme politique. Il est temps que nous revenions à plus de lucidité et d´arrêter de nous leurrer avec des concepts de gouvernance nés ailleurs, pour des peuples à l´histoire bien différente de la nôtre! Le Président Bouteflika a bien raison lorsqu´il a déclaré à ce sujet au 12e Sommet de la francophonie qui vient de se tenir au Québec que «le mimétisme auquel nous nous sommes livrés jusqu´à maintenant a eu quelquefois des conséquences désastreuses et il est temps que nous nous mettions à mettre au point nos propres règles de bonne gouvernance». Il faut se convaincre aussi que même en Occident d´où elle nous vient, la démocratie n´a pas que des vertus. Elle peut être reniée dès qu´elle dessert certains intérêts. Comme la victoire toute démocratique du Hamas palestinien et dont tout le monde connaît la suite. Ou encore cette liberté d´expression qui est revendiquée, toujours en Occident, lorsqu´il s´agit de s´attaquer à la religion musulmane et qui s´efface dès qu´on touche au judaïsme. L´abbé Pierre avant, et le caricaturiste Siné aujourd´hui, en ont fait les frais. Salman Rushdie lui, coule des jours heureux. Chez nous aussi cette forme d´hypocrisie a cours. Une belle hypocrisie avec laquelle certains de nos intellectuels crient à la violation de «la liberté d´expression» quand ils en sont victimes et qui font semblant d´oublier avoir été, par le passé, les instigateurs de la mise à mort de publications à la ligne éditoriale différente de la leur. Non, la démocratie, la liberté d´expression telles que conçues par l´Occident ne sont pas adaptables à la nature de notre société qui a ses propres traditions. C´est du nudisme qui n´est pas et ne peut pas être de notre culture. Oui, il nous faut chercher «nos propres règles de bonne gouvernance». Arrêtons de faire les singes! [email protected].