«Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse.» Jean-Luc Godard Avez-vous remarqué le logo en lettres latines et arabes sur le côté gauche de l´écran et sur toutes les images transmises de Ghaza: Ramattan. Ces images appartiennent en fait à une agence de presse palestinienne créée par des journalistes locaux en 1999. Aujourd´hui, cette agence possède 25 caméras et 100 employés constitués de journalistes, de cameramen de techniciens satellite, de photographes et surtout d´interprètes. Initialement basée à Ghaza, Ramattan possède maintenant des bureaux à Ramallah, à Jérusalem, à Khan Younès et au Caire. Au départ, Ramattan TV n´est pas une agence de presse au sens propre du terme, car elle fournissait des équipages de prises de vue et d´autres services accordés aux correspondants étrangers et arabes. Elle n´avait pas d´équipement satellite, ni assez d´argent pour payer la liaison, ou même le savoir-faire et les contacts pour louer les espaces sur un satellite. Mais en 2000, Ramattan signe un accord avec l´agence de presse turque Ihlas (IHA) dont les installations ont permis de transmettre ses images par satellite. En 2003, elle se sépare de l´IHA et depuis, elle est indépendante et émet tous les jours et toutes les nouvelles informations via Eutelsat à ses clients dans le monde entier. Au début CNN, Al Jazeera, Al Arabya se sont abonnées chez Ramattan pour 40.000 dollars par mois, mais avec le début du conflit à Ghaza, ces barèmes ont été revus à la hausse et surtout, la société palestinienne a obtenu d´autres clients tels que la BBC, Al Alam, Al Manar ou encore France 24 ou Nil TV. Grâce à sa notoriété et surtout à son savoir- faire sur le terrain palestinien, elle concurrence directement Associated Press Television News (Aptn) et Reuters Television qui étaient, dans le passé, les plus grands distributeurs d´images de conflits dans le monde. Ramattan s´est surtout illustrée avec le reportage sur la mort d´Abdul Aziz Al-Rantissi, vendu à CNN, il y a quelques années, ou encore avec les reportages des élections législatives palestiniennes qui avaient vu la victoire de Hamas. Elle a des contacts avec les ambulanciers et les hôpitaux. Pour ce faire, elle devait lutter pour garder son indépendance et échapper à la fois à la pression du Fatah et du Hamas. Ramattan a dû également traiter avec Israël pour faire passer le matériel et les caméras achetées à l´étranger. Ali Qassem, directeur général de Ramattan, est né dans le petit village de la bande de Ghaza, Beit Hanoun, et il a étudié les sciences politiques à l´université de Bir Zeït. Il a soutenu le Front populaire pour la libération de la Palestine, avant d´être arrêté par les Israéliens et détenu pendant trois ans. Après sa libération, il a commencé à travailler comme reporter pour l´agence Associated Press, puis pour une entreprise privée offrant des services aux WTN (maintenant Aptn) et Visnews (rebaptisée Reuters Television). Après un court séjour chez ABC, Ali repart pour New York où il a été reçu à la maîtrise du programme de journalisme à l´université de New York. Soutenu par le célèbre photographe américain, Peter Jennings, il a acquis le background lui permettant de lancer la boîte qui concurrence, petit à petit, les grands networks arabes tel que Al Jazeera et Al Arabya, mais pour l´heure, le chemin reste long. [email protected]