«La bonne politique est de faire croire aux peuples qu´ils sont libres.» Napoléon Bonaparte Alors qu´on s´attendait à un sondage sur l´élection, comme c´est la tradition dans toutes les démocraties du monde, c´est un sondage sur l´audience télévisée qui a été rendu public. Un sondage qui encense l´Entv, une maison-mère qui vient de donner naissance à deux nouvelles chaînes la 4 et la 5. L´Unique, comme l´ont surnommée les francophones, ou El Yatima (l´orpheline), comme l´ont qualifiée les arabophones, a amélioré sa cote dans ce sondage. L´Entv, qui se limitait jusque-là à meubler les soirées de Ramadhan ou à diffuser des matchs de foot du championnat local, s´est offert une nouvelle fenêtre d´expression: l´élection. En effet, l´Entv s´est fortement distinguée par une ouverture sans précédent dans le discours politique lors de la campagne électorale de la présidentielle 2009. L´agence tunisienne Sigma (le cabinet d´études a maintenant un bureau à Alger durant plusieurs mois), a indiqué que durant le mois de mars, la pénétration de l´Entv sur le Grand-Alger a atteint 20,9%, alors que la Chaîne TF1, généralement très regardée par les Algériens, arrive seconde avec 10,3% de parts de marché. Ce retour en force de l´Entv s´explique par une ouverture du champ politique pour les candidats à l´élection présidentielle. Les Touati, Rebaïne, Younsi et surtout Mohamed Saïd ont donné libre cours à leurs discours politiques, souvent très critiquées envers le pouvoir et le gouvernement. Ces personnalités ont plus parlé à la télévision durant ces 15 jours que durant toute leur modeste carrière politique. Curieusement, seule Louisa Hanoune était tempérée avec son discours modéré, alors qu´elle était connue pour avoir un discours plus critique et passionné sur le banc de l´Assemblée. Cela dit, cette ouverture a donné plus de crédibilité à l´élection et les candidats, qui avaient critiqué l´Entv au début de la campagne, ont été entendus... par les décideurs. Mais l´Entv pouvait faire mieux avec la mise en place d´une émission politique de qualité, comme elle l´a si bien fait avant la présidentielle. On pouvait inviter opposition et alliance pour un débat ouvert... contrôlé. Mais contrairement à 1999 et 2004, il n´y a pas eu de débats avant la présidentielle. Les candidats étaient absents des plateaux de télévision. Renseignement pris au niveau de la direction de Abdelkader El Eulmi, un ou deux candidats ont refusé de passer dans un débat face à la presse. L´expérience du «Forum» de Soraya Bouamama les en a dissuadés. Il est vrai que certains candidats (sans les nommer) n´ont pas les moyens politiques et le background pour affronter des journalistes déjà au fait de leurs faits et gestes. En Europe et aux Etats-Unis, les débats politiques sont très importants pour la présidentielle. Mais devant l´absence de sondages et de débat politique réel, cette déférence n´a pas lieu d´être en Algérie. On se contentera des débats dans les cafés avec des citoyens qui connaissent parfois le nom du candidat. Vos commentaires sur [email protected]