«La télévision, c´est comme la poste, ça transmet.» Jean-Luc Godard "Extrait de l´émission «L´Hebdo» - 17 mai 1996" En attendant l´entrée en lice des autres programmes de la rentrée de la grille 2011, l´émission de Farid Benmoussa «Ahalil», continue d´occuper beaucoup d´espace sur l´Entv. Mais en dépit de tous les moyens qui sont affectés à cette émission privée, le résultat est décevant. L´objectif de toute émission de divertissement, c´est avant tout de faire de l´audience et malgré sa diffusion sur les trois canaux de l´Entv, pour être vue par le maximum de gens, (Terrestre, Canal Algérie et A3), le numéro avec Lounis Aït Menguellet et son fils Djaâfar aurait pu même être diffusé sur la chaîne 4 Amazighe, mais l´émission n´a pas apporté le succès escompté pas l´Entv. Dans la rue algéroise, personne n´en parle, rien ne capte le téléspectateur, toujours les mêmes qui passent, l´émission n´attire pas de fans sur Facebook, elle est passée inaperçue. L´émission possède pourtant le plus important budget délivré par l´Entv à une émission de divertissement (250 millions de centimes le numéro), le plus important décor (installé à l´année dans les studios des Eucalyptus), la meilleure lumière, la meilleure photo, l´orchestre le plus varié et surtout le plus beau design pour un plateau de télé. Une table d´invité sous forme de piano géant. Mais là où l´émission perd de son charme, c´est dans la stratégie et surtout dans l´animation. Hichem Mesbah, plus connu dans le monde de la comédie. Forcé de remplacer la belle et gracieuse Zahra Harkat (soeur d´Amel Wahbi), Hichem a été contraint par la production à animer l´émission en arabe classique, ce qui handicapera sa prestation. Or, cette pratique, digne du parti unique n´a plus lieu d´être à l´Entv surtout après la révolution qui a touché le 21, boulevard des Martyrs. Utiliser le classique dans une émission de divertissement où la tranche d´âge se situe entre 15 et 45 ans, est une hérésie audiovisuelle. Farid Ben Moussa devra regarder des émissions de divertissement de LBC ou Abou Dhabi, qui diffuse la version arabe de «Taratata», le concept sur lequel est copié «Ahalil». Les Marocains l´ont bien compris en doublant en langage dialectal, les feuilletons turcs et les films hindous. Utiliser la «fossha» dans une émission de divertissement signifie qu´on vise au moins un public arabe. Or, pour cela, il faudrait des invités arabes. Cependant, l´émission n´a fait que réinviter les mêmes chanteurs de l´année dernière. Alors que Ness Nessma qui n´a pas les mêmes moyens, se bat pour inviter des stars maghrébines, à l´image de Latifa Raâfet ou encore des Algériens, jamais invités à la télé en Algérie comme cheb Abdou ou chaba Fadila. Mais le plus important ratage sur le plan linguistique de «Ahalil», c´est l´émission avec Aït-Menguellet (qui était excellente sur le plan musical). Hichem Mesbah parlait en arabe classique, Lounis Aït Menguellet en français, son fils Djaâfar en kabyle et Réda Doumaz en dialectal. Pour un téléspectateur dit arabe, c´était un véritable casse-tête...chinois. Ce qui conduira un téléspectateur maghrébin (Tunisien ou Maro-cain) tout simplement à zapper l´Entv pour aller sur Nessma TV. Pas besoin de savoir où sont partis les téléspectateurs arabes. «Ahalil» est avant tout une émission algérienne qui s´adresse aux Algériens, donc il faut laisser Hichem, le fils de Bab Ezzouar s´éclater comme il le fait si bien dans «Les Folies berbères». «Ahalil» devra corriger sa stratégie artistique par rapport à l´évolution audiovisuelle sans frontières qui s´inscrit dans le Maghreb et penser plus à la qualité qu´à remplir sa caisse. [email protected]