Les deux pépés s´étaient amusés à tâter deux innocentes gamines. Ils ont eu le compte du glaive et de la balance. Agacés par de mauvais comportements des ados du quartier à Bouzaréah, Ami Moulay et son copain de vieillard qui n´a pas la langue dans sa poche, ont connu une incarcération d´un mois pour attentat à la pudeur sur mineures de moins de seize ans, fait prévu et puni par l´article 334 du Code pénal et dont la peine de prison ferme va de cinq à dix ans (loi n° 75-47 du 17 juin 1975). Leurs avocats, pourtant inquiétés étaient, le matin, ravis de l´annonce par les victimes du désistement. «Mais demeurent les poursuites» commentent les défenseurs qui avaient leur petite idée pour sortir les vieux clients du pétrin face à cette redoutable Saloua Makhloufi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger). Montré du doigt par deux gamines de neuf et dix ans qui auraient fait l´objet d´attouchements sexuels dans la cage attenante à l´immeuble où il exerce dans ce beau métier d´accompagnateur d´élèves du quartier à l´école voisine. Dans cette optique, l´avocate était encore plus rassurée que l´inculpation ait «requalifié» l´attentat à la pudeur public en atteinte aux bonnes moeurs car la nuance est que, les faits racontés par les enfants se seraient déroulés dans la cage et donc, n´avaient rien de...publics! Il est vrai que Ami Moulay s´était plaint à plusieurs reprises de ces bandes de deux à quatre ados qui le narguaient avec qui, un joint aux commissures de la bouche, qui un cigare pendant sur des lèvres charnues que domine un duvet d´un pubère en mal de loisirs! A force de faire des remarques aux voisins à propos du comportement de leurs rejetons, le pire l´a éclaboussé. Voilà qu´en début de semaine, deux fillettes vont se plaindre à leurs parents d´attouchements de la part de ami Moulay. Ce que vous venez de parcourir ne sont que les arguments des vieux pervers balancés lors de leur interrogatoire devant la police, de leur présentation au tribunal et surtout à leurs proches qui ont vite fait de crier à l´injustice et au...complot. Ben, voyons! Les fillettes, elles, ont dû ne pas deviner les attouchements, mais le témoin qui les a surpris lui, avait bien la tête sur les épaules et il avait très bien assisté au manège qui voyait que les deux pépés s´affairaient à déshabiller les deux gamines. Et puis, va-t-on conseiller aux parents de s´abstenir et cesser d´envoyer les enfants faire les commissions chez les commerçants «pédophiles?» Non, notre société est ainsi faite et aucun conseil ne pourra venir à bout d´actions nuisibles jamais étalées au grand jour. Prudence, vigilance et surtout confiance en notre justice et en nos services de sécurité. Et l´article 334 (ordonnance n°75-47 du 17 juin 1975) est éloquent puisqu´il dispose: «Est puni d´un emprisonnement de cinq à dix ans, tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence sur la personne d´un mineur de seize ans de l´un ou de l´autre sexe.» «Est puni de la réclusion à temps de cinq à dix ans, l´attentat à la pudeur commis...» et ici nous interrompons l´alinéa qui ne concerne pas deux inculpés du jour. Donc, le ministère public qui demeure l´avocat de la société, a l´éventail nécessaire pour demander à l´aise la peine voulue. En tout état de cause, cette grave affaire a soulevé une immense émotion à travers la moitié d´Alger (Bir Mourad Raïd et ses environs immédiats) avec ceci de particulier, que les inculpés soient des personnes séniles qui doivent ronger du pain noir, depuis maintenant exactement deux mois, depuis le jour du forfait commis et découvert juste avant le désastre. Les faits étant graves et donc les débats en audience publique pouvant troubler l´ordre public, la loi veut que le huis clos soit de rigueur. Makhloufi, la présidente donne donc rendez-vous aux parties dans son bureau au premier étage du tribunal de Bir Mourad Raïs, sis à Saïd Hamdine, un quartier qui regroupe plusieurs institutions et donc qui connaît un brouhaha indescriptible et un carrousel de voitures qui, franchement agace. La porte du huis clos refermée, il ne nous restait plus qu´à récolter les faits autour des proches de toutes les parties, car il faut l´avouer que les deux vieillards en s´en prenant à deux innocentes, ont réussi à laisser le méfait courir dans le tout-Alger, méfait qui a bouleversé les gens censés être normalement constitués et vivant dans une société qui ressemble dorénavant à toutes les autres à travers la planète et que l´Algérie ne se prend plus pour la nation-superbe au-dessus de tout fléau propre aux populations terriennes. Ce qu´il faut souligner, c´est le fait qu´un client qui a surpris le manège avait alerté les autorités et la machine s´est emballée, prenant tout sur son passage, jusqu´aux demandes sans état d´âme de Mourad Hellal, le procureur de l´audience qui avait requis une lourde peine de prison ferme de dix ans en droite ligne du Code pénal. Et le verdict (deux ans ferme) pris par Saloua Makhloufi Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs du samedi a dû tenir compte de l´âge avancé des deux inculpés, même si de mémoire de chroniqueur, nous n´arrivons pas à trouver un précédant: l´abus sexuel, les attouchements et autres harcèlements étant plutôt l´apanage de clochards en mal de...loisirs. N´empêche que cet acte bestial pose de sérieux problèmes aux magistrats qui ont du mal à faire parler des victimes souvent ignorant tout des diables pédophiles et des gestes généralement non «enseignés» par les parents, eux-mêmes ligotés par les tabous.