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L'année du Spoutnik
Publié dans L'Expression le 25 - 06 - 2009

Quel est l´Algérien, encore vivant aujourd´hui, qui peut dire avoir eu, à l´époque, des "blouses blanches" à son chevet? C´étaient les guérisseurs ou la mort.
Il y a longtemps, très longtemps même, le monde a vécu deux événements majeurs. Les Algériens en ont vécu trois, donc un de plus que le reste de l´humanité. C´était en 1957. Ceux qui ont vécu ces événements ont aujourd´hui les cheveux blancs ou presque pas du tout. Juste ce que les coiffeurs appellent le tour d´oreilles. Il y a donc un demi-siècle, les Russes (on les appelait à l´époque les Soviétiques) ont lancé le premier satellite dans l´espace. Le monde entier avait les yeux écarquillés d´émerveillement devant ce prodigieux progrès scientifique.
Politiquement, le monde était divisé en deux blocs. Le bloc communiste avec à leur tête l´Urss, et le bloc capitaliste mené par les Etats-Unis. On les désignait aussi par deux points cardinaux que sont l´Est et l´Ouest. Deux blocs qui se regardaient avec grande méfiance. Qui rivalisaient aussi dans les démonstrations de force. C´est ce qu´on appelait la guerre froide. Cette année-là donc, l´Est venait de marquer un point à l´Ouest. Tandis que les Américains faisaient grise mine, les Russes (appelons-les ainsi pour la compréhension) exultaient. Ils étaient fiers d´être les premiers à partir à la conquête de l´espace. Ce premier «Spoutnik» qui veut dire en langue russe, satellite, sera suivi la même année par un deuxième «Spoutnik 2». Cette fois le satellite était habité. On y avait mis à bord une chienne. Son nom a fait le tour du monde. Elle s´appelait Laïka et n´en revint jamais. L´événement était de taille et mondial.
Le deuxième événement mondial fut une terrible pandémie de grippe (vous devinez mieux l´objet de cette chronique). Elle marquera l´histoire par son nom de grippe asiatique. Les scientifiques la désignent par grippe A ou encore par virus H2N2. En Algérie, elle fera son «arrivée» dans un contexte particulier. Nous étions en pleine guerre de Libération (c´est notre troisième événement majeur) qui en était à sa troisième année. Larbi Ben M´hidi venait d´être assassiné par l´armée française tandis que Massu et ses parachutistes faisaient régner la terreur parmi la population algérienne dans la capitale. Une population déjà meurtrie par une colonisation qui durait depuis plus d´un siècle qui se retrouve prise en étau par la répression et la maladie sur fond de dénuement. Les Algériens (ou si vous préférez les «bougnoules» comme nous appelaient les pieds-noirs) n´avaient le droit de vivre qu´à la périphérie de la ville avec comme concentration principale la vieille Casbah d´Alger. Vivre c´est trop dire.
En fait, nous survivions. D´une précarité inimaginable pour ceux qui ne l´ont pas vécu. Une vie au jour le jour. Quand on disait «j´ai gagné mon pain» (l´expression est restée), cela voulait dire qu´on avait eu la chance d´avoir, ce jour-là, trouvé du travail. Et quel travail! Seulement physique. Nous n´avions aucun de ces fameux «droits de l´homme». Quant à l´accès aux soins, c´était carrément impensable! Quel est l´Algérien, encore vivant aujourd´hui, qui peut dire avoir eu à l´époque, des «blouses blanches» à son chevet? C´étaient les guérisseurs ou la mort. Souvent les deux à la fois. Comme médicaments il n´y avait dans notre «nomenclature» que le cumin pour les bébés et le «chih» (l´absinthe, une plante amère) pour les adultes. A ces deux tisanes une troisième fut «inventée» pour la grippe asiatique...le bouillon de poulet. C´est ahurissant mais c´était ainsi. La grippe a sévi de l´automne 1957 au printemps 1958. Des familles entières étaient terrassées. Peu importe les chiffres mais nombreux sont ceux qui s´en sont relevés.
Le tout dans la dignité et le calme. Dans une solidarité exemplaire aussi. Le virus «parti», la vie a repris son cours. Dans la guerre certes, et dans toute son atrocité mais elle a, malgré tout, repris. Quand on a affronté une pandémie de grippe dans de telles conditions on ne peut qu´accueillir la suivante avec sérénité. H2N2 ou H1N1, la seule différence est qu´aujourd´hui nous avons à notre disposition tous les moyens d´un Etat. Notre Etat.
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