Nous ignorons si la jeune juge de Blida connaît la date de la Fête nationale des Gaulois. N´empêche qu´elle a mis le verdict en examen pour le...14 juillet! En attendant, Maître M.F.Ksentini a entonné...Kassaman. Le dossier dit des «fausses épouses d´avocats» a vu son déroulement dans la salle d´audience du tribunal de Blida mardi toute la journée. Très vigilante, au bord de la méfiance, Lamraoui, la présidente a réussi son «examen du dossier» tant bien que mal, surtout qu´elle avait en face, des avocats victimes d´escroquerie et des dames inculpées. Mohamed R. l´inculpé détenu avait même eu un moment l´impression qu´il pouvait s´en sortir au moment où l´un de ses avocats plaideurs, en l´occurrence Maître M.F.Ksentini, avait ouvert les hostilités en revenant à un certain mois de décembre 1994, lorsque Edouard Balladur, alors Premier ministre du gouvernement français avait imposé le visa d´entrée en France aux Algériens (à la suite de l´affaire du détournement du Boeing d´Air France) et fit une faveur aux...Israéliens! La présidente était exaspérée par l´incident ayant opposé Maître Kamel Maâchou, l´avocat de l´ambassade de France et Maître Ksentini, le défenseur de l´inculpé poursuivi pour avoir fourni des visas à des femmes et des jeunes filles n´ayant rien à voir avec les livrets de familles des avocats qui avaient - à un moment donné, le privilège justifié de ne pas faire de chaîne pour l´obtention des visas pour les hommes en robes noires et leurs familles Avec, un style qui lui est propre, l´ancien bâtonnier de Blida avait réussi à mettre le feu aux poudres car il n´était pas venu à la barre avec ses confrères Maîtres Rabah Kerboui, Maître Saâdedine voir leur client être livré à la vindicte, surtout à certains avocats victimes qui s´en sont pris à l´inculpé à coups de...hache, oubliant que par le passé, il leur avait rendu de gros services. Pire, à un certain moment, les avocats de Blida avait eu vent que le bâtonnier de Blida avait «remercié» l´inculpé qui avait pourtant continué à collecter des passeports d´avocats n´ayant pas le temps nécessaire d´aller à l´ambassade retirer leurs visas! D´ailleurs, dans cette optique, maître Rabah Kerboui et Maître Saâdedine avaient plaidé tout comme leur aîné, maître Ksentini de larges circonstances atténuantes, surtout que le procureur avait requis trois ans de prison ferme. Maître Ksentini qui avait d´ailleurs estimé que l´ambassade de France n´avait pas à se constituer partie civile car elle n´a subi aucun préjudice et c´est plutôt l´Algérie qui avait perdu en cours de route des filles «évaporées» à travers l´aire «Shenguen». Ce qui a surtout laissé la juge franchement dépassée car un monde fou était en face d´elle, outre les gesticulations des avocats, ceux des deux bâtonnats de Blida, Maître El Hadi Labidi et d´Alger, Maître Kamel Alleg, ainsi que Maître Hamza Khamis et l´intenable Maître Maâchou pour l´ambassade qui a réussi à faire sortir de ses gongs, le pourtant glacial ancien bâtonnier. La juge était ébahie devant l´inculpé qui n´a eu de cesse de nier, nier, nier. Pour lui, il avait des avocats sympas à qui il a rendu des services ainsi qu´à leurs épouses! Il s´est même trouvé, selon la présidente, une demoiselle inculpée mariée à...deux avocats! Maître Rabah Benguitoun, victime qui a pris la chose très au sérieux, était à l´époque encore meurtri par la perte cruelle de son...épouse à la suite d´une longue maladie, avait appris que sa...femme avait bénéficié d´un visa! Aujourd´hui, il ne peut qu´en rire, lui, le jovial! Ce qu´il faut relever, c´est le caractère toujours passionnel et passionnant lorsqu´on aborde un contentieux algéro-français. «La France et l´Algérie sont comme deux amants. Ils se disputent souvent, mais ne se séparent jamais», commentera un peu plus tard Maître Abdenour Omar Aït Boudjemaâ, cet avocat fils de martyr, tombé au champ d´honneur à...Chéraga, à l´âge de vingt sept ans! Dure journée décidément à Blida où tout le monde était partie civile sauf Mohamed R., bien défendu pourtant.