Voilà encore une histoire de famille venue déranger la présidente, Boudmagh et Maître Djediat, donc la justice... Maître Mohammed Djediat, l´avocat de Patrice Lumumba dont la voix aiguë et assourdissante et donc qui porte haut et fort le message, n´a pas crié mardi plus fort que cette nonchalante Boudmagh, cette jeune et terrible juge qui a pris la mouche à trois reprises. Une première fois en grondant l´inculpé dont le sang encore frais sur la tête et le bandage solide fait de lui plutôt une victime de coups et blessures volontaires. «Qu´avez-vous fait malheureux? Vous êtes en famille. Ça ne nous suffit pas les dossiers de vol, de faux, d´escroquerie, de crime de sang, d´homicide involontaire et autres détournements de fonds, sans omettre ceux relatifs à l´abandon de famille, voilà que deux familles ou plutôt une seule famille se présente à la barre sans honte ni pudeur, comme disent les Européens: "On lave le linge sale en famille." Vous n´avez pas honte?», gronde sans toutefois élever le ton la présidente devant Kouchim, le jeune parquetier muet, aussi muet qu´un groupe de muets! Une deuxième fois, lorsque la victime a commencé par interrompre l´inculpé alors qu´il n´avait pas la permission de la Présidente et ce, sous l´oeil vigilant de Kouchim, ce procureur qui monte. «Vous, taisez-vous. Votre statut de victime ne vous permet pas de mettre ma casquette de police de l´audience. Attention, vous n´avez plus intérêt à recommencer cet impair». Mais là où elle a franchement g...,c´est au moment où le papa de l´inculpé a, depuis le banc réservé au public, marmonné des «mots» qui firent monter la tension dans la salle d´audiences et qui vit madame la présidente avertir le papa qui n´a aucun sens du respect de l´audience: «Monsieur, que marmonnez-vous? Ici, on ne parle qu´avec la permission de la Présidente. Vous n´avez aucun commentaire à faire.» Et le comble, le papa turbulent, au lieu d´entrer dans sa coquille, se lève et joue à...Zorro moins la tenue et le... cheval. «Quoi, ça? Me taire? Et alors? Et puis quoi, c´est mon fils l´inculpé, la victime est mon neveu. Vous n´êtes au courant de rien.» La magistrate, sereine, regarde en direction du représentant de la société, elle ôte sa fine paire de lunettes de vue et invite une dernière fois le papa à se rasseoir avant que quelque chose de désagréable ne lui arrive. «S.V.P., assis et cessez de casser les débats, ajoute sans crier cette fois la Présidente qui verra Kouchim, très effacé pourtant, le procureur» entrer en scène lorsque le turbulent papa lancera en guise d´outrage: «Et après, qu´est-ce qu´il y a? Je me rasseois? Eh ben, non je vais f...le camp de cette salle.» «Agent», lance Kouchim, le parquetier, qui cesse de...enfin sourire: «Mettez-le au frais dans les geôles, la procédure suivra à l´issue de l´audience.» Et la Présidente de renchérir: «Vous n´avez pas fini avec ces histoires. Au lieu de tenter d´apaiser l´état de "guerre" au sein de votre famille, vous êtes venu en pyromane, alors, allez méditer votre geste, l´outrage, à côté jusqu´à la fin de l´audience» articule la Présidente qui revient à l´interrogatoire alors que Maître Djediat piaffe d´impatience pour plaider sa douleur, sa colère devant cette tragédie. Et il le fera dignement sans casser la sérénité des débats où des nuages avaient pourtant assombri l´atmosphère: «Madame la Présidente, regardez l´état du détenu. Au lieu de l´hospitaliser, non, on le jette en prison pour coups et blessures volontaires. Maintenant, regardez la victime: elle est impeccable» s´écrie l´avocat qui revient aux faits qu´il qualifie de très graves. Il demande l´indulgence du tribunal pour le temps précieux qu´il va «détourner» juste pour expliquer dans quel bourbier on a mis le détenu, un jeune, lancera Maître Mohamed Djediat qui reviendra trois fois autour du fait qu´il ait été corrigé et qu´il se voit être poursuivi avec une éventuelle condamnation. «Madame la Présidente, dit en baissant ses "décibels" le défenseur. Vous êtes seule à même d´apprécier les débats que vous saviez ardus mais que vous aviez su mener de main de maître. Nous ne demandons rien d´autre dans ce flagrant délit que la relaxe» finit le conseil en s´épongeant le front avant de retourner les talons et revenir à hauteur de son cadet, Maître Omar Aït Boudjemar qui l´a vivement félicité pour cet assaut, délicieux, il est vrai La juge décide la mise en examen pour mieux traiter ce dossier qui sent réellement la poudre à mille bornes depuis la ville des agrumes surtout que cette Boudemagh avait apprécié (cela se devinait depuis Blida et Ouled Yaïch) le généreux élan de Maître Djediat qui aura été en ce début de mois de juillet 2009, égal à lui-même.