Ayant choisi ses "munitions" de défense, Maître Djediat, l´avocat de Bilel D., enfourche un étalon noir et... Bilel D., 22 ans est défendu par Maître Mohammed Djediat qui avait, pour l´occasion, un document de travail pour défendre la cause de dimanche à Koléa (cour de Blida) face à Hadj Rabah Barik, le président de la section correctionnelle. Et le document a trait à l´inculpation: usage de came. C´est même le condensé de la loi 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Une loi bien ancrée chez les juges. Comme c´était une première pour cette salle d´audience du nouveau tribunal de Koléa, Maître Mohammed Djediat, comme Maître Hayet Kadi, Maître Lamia Benzeriga, Maître Naïma Mansouri, venue de Aïn Bénian pour un dossier de coups et blessures volontaires et destruction de biens d´autrui, Maître Rami, le délégué du bâtonnier Abdallah Hamoud, Azzedine Gasmi, attendaient avec impatience d´affronter le parquetier Malek Drissi, sous l´oeil neutre et vigilant de Hadj Rabah Barik et jouer leur rôle jusqu´au bout. Et dans ce cadre, Maître Djediat avait longtemps attendu pour défendre Billel D., un jeune primaire surpris en train de s´envoyer dans les nuages et d´une manière illicite. Et comme tout avocat qui se respecte, Maître Djediat a poussé son client à l´aveu et à s´excuser, juste de quoi arracher les circonstances atténuantes. De là, l´intervention du défenseur d´Alger va atteindre les neurones du président connu pour être un dur à cuire lorsqu´il s´agit pour lui d´entendre un auteur d´usage de drogue. Alors pour les récidivistes en matière de détention de came, on ne vous dit pas. Et puis, pourquoi donc Maître Mohammed Djediat a horreur de défendre tous ceux qui sont poursuivis pour le trafic de drogue, ceux qui s´y frottent, ceux qui sniffent? Question de tempérament. Mais l´avocat de Patrice Lumumba affirme que tout inculpé, tout prévenu, tout accusé dans le chapitre où la came rôde, a droit à une défense. C´est humain, somme toute...Avec zéro gramme quatre de poison, le détenu qui est poursuivi sur la base de l´article 12 de la loi n°04-18 ne risque pas grand-chose. C´est pourquoi, l´avocat de Patrice Lumumba n´avait cessé de garder sur ses lèvres brunes son légendaire sourire et son regard d´un enfant qui a quelque chose à se reprocher et qui a envie de demander pardon à ses parents. Il va alors plaider au trot d´abord, puis au galop juste pour ne pas agacer Hadj Barik qui venait de sortir d´une audience à huis clos où une mineure de moins de 16 ans et qui paraît être une maman: une rude audience qui n´a certes, pas usé le président, mais l´a tout de même obligé à un effort pour rendre justice dans les limites de la loi, au milieu d´un océan de larmes de crocodile de l´auteur de l´acte abject qui avait tout fait pour ne pas croiser le regard «tueur» du papa de la victime... Et là, Hadj Rabah Barik, en magistrat avisé n´était pas résigné à suivre la plaidoirie de Maître Djediat qui sait, en homme de terrain, que la plaidoirie la plus courte est souvent la plus efficace. «M. le Président, en homme de loi, nous n´allons tout de même pas demander la relaxe, car le délit y est, mon client a reconnu et a même promis de ne plus emprunter ce mauvais chemin. C´est pourquoi votre décision peut être tranchante, mais symbolique», a récité d´une voix forte, mais portante, le conseil qui sera d´ailleurs vite rassuré et satisfait à la suite du verdict rendu sur le siège par le tribunal qui a infligé une peine d´emprisonnement de deux mois avec sursis. Les six mois ferme demandés par Malek Drissi, le procureur, n´ayant pas servi à grand-chose, sauf à effaroucher Billel D., qui a retrouvé ses esprits juste après l´envoi de la sentence. Entre-temps, Maître Djediat avait lui, rejoint le banc aux côtés de Maître Ouali Laceb de retour de Marrakech...