Avec quelques joints de poison, deux inculpés écoutent leurs avocats protester contre les articles de loi de l´incarcération... Abdelaâli G. a 20 ans. Pris avec des stups, il mouille Ali devant la PJ, et le juge d´instruction, et le procureur. A la barre, le jeune se rétracte. Dans une salle noire de monde, on n´entend pas une mouche voler. Saloua Derbouchi, la juge, veille, l´oeil vif. Maître Mohammed Djediat se déchaîne et entre en piste en vue de prouver que son client dit vrai. Il est tout aussi vrai que la présidente veille au grain en sa qualité de présidente (section correctionnelle) du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d´Alger). Maître Mallia Bouzid, l´avocate des jeunes inculpés, a une question lorsque le tribunal lui permet et dès qu´elle commence à plaider, elle s´accroche d´emblée aux irrégularités relevées sur le procès-verbal de la police judiciaire, allant parfois jusqu´aux contradictions de l´inculpé qui enfonce son sacro-saint codétenu risquant une lourde peine. Avec en face un adversaire comme Maître Djediat qui a soulevé, outre le cas des stups, celui du vol collé à son client, le hasard ayant beaucoup joué dans ce dossier. Maître Bouzid, pour Abdelaâli, a crié fort que le détenu était loin de l´inculpation. «Y a-t-il deux personnes, le dealer et le sniffeur pris en même temps?, «A-t-on trouvé une somme astronomique en possession des deux prévenus?», a encore questionné l´avocate qui a tenu à préciser que son client a, certes, sniffé suite à l´accoutumance de médicaments prescrits après son hospitalisation, juste après son accident de la circulation. «Il avait eu un traumatisme crânien», a expliqué entre une pause avant de revenir au portrait robot du fameux revendeur: «On lui a dit que le dealer était un brun foncé (kahlouche), or, il y a dans notre pays des millions de jeunes au teint brun foncé», a murmuré, presque en guise de «frein à mains», Maître Djediat qui n´aura de cesse de gesticuler face à une glaciale et ferme Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle, pourtant plus cool depuis sa reprise après un repos bien mérité, juste après que Bouacha Akila, la procureure eut demandé six mois de prison ferme pour Abdelaâli, un jeune de 20 ans et un an de prison ferme pour Ali qui avait bonne mine lorsque S s´était rétracté devant le tribunal. «Ce n´est pas lui qui m´a revendu la drogue. C´est quelqu´un qui lui ressemble.» Est-ce que le tribunal va marcher? La magistrate feuillette encore une fois le dossier, on se demande dans quel but. Seule Derbouchi détient ce secret de feuilleter son dossier avec, cependant, des regards jetés dans la salle pleine... Lecture du verdict: le détenu a bénéficié de l´indulgence de la magistrate qui a accordé le sursis à la victime de Satan! Satan, ce bouc-émissaire que beaucoup d´avocats mettent en avant. Pourtant, ce qu´avaient réussi les deux avocats, Maître Bouzid et Maître Mohammed Djediat, c´est le simple fait d´avoir effacé l´inculpation grave de «commercialisation de stups» que la loi 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l´usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, punit via ses articles 13, 14, 15,16, 17 à 21 de lourdes peines qui peuvent atteindre 50.000 DA. L´article 21 enfin prévoit la réclusion perpétuelle pour celui qui fabrique, transporte, distribue des précurseurs, des équipements ou des matériels, soit dans le but de les utiliser pour la culture, la production ou la fabrication illicite de stupéfiants ou de substances psychotropes, soit en sachant que ces précurseurs ou matériels vont être utilisés à de telles fins.»Et vous aurez compris que Abdelaâli et Ali ne sont pas concernés par ces articles créés pour les gros dealers.Maître Djediat sourit alors que Maître Bouzid est déjà loin, du côté du Parc des loisirs...