Non, l´avocat ne peut être l´auxiliaire de la justice. C´est bien un partenaire loyal et rigoureux à l´extrême... En s´avançant, d´emblée, vers Hadj Rabah Barik, le flegmatique président de la correctionnelle du tribunal de Koléa (cour de Blida), l´avocat de Aïcha. R., une inculpée de non-représentation d´enfants, fait prévu et puni par l´article du Code pénal, avait pour souci n°1 d´éviter à la victime de déborder sur le sujet du jour, car un os était encastré dans la machine de ce dossier. Et ce souci majeur se situe dans le fait que le papa réside à l´est du pays et ne veut nullement se déplacer à Koléa voir ses enfants chaque semaine: «Ce monsieur prend ses désirs pour de la réalité. Il me croit obligée de lui remettre les enfants au moment où il veut, pas comme le stipulent les termes du jugement», clame la dame qui va vite être remise à sa place par un Barik généreux dans la jurisprudence: «Inculpée, vous plaisantez? La victime effectue un très long trajet pour se voir être renvoyée comme un vulgaire vagabond. Non, ce n´est pas une idée à suivre ni à répercuter à travers les familles». C´est ce moment-là que choisira Maître Mohammed Djediat pour voler au secours de sa cliente à la limite de l´excitation dévastatrice: «M. le président, il n´ y a personne qui refuse de remettre ses enfants au papa venu de loin exercer le droit de visite, un droit reconnu et chéri par la loi. Il y a seulement cette histoire des journées choisies. Les enfants ont classe le matin très tôt. Et donc, ils doivent dormir tôt. Cependant, si le papa veut en semaine faire sortir ses enfants au malheureux prix d´une veillée tardive, cela irait à la déstabilisation des bambins. Et encore, si cela était arrivé une ou deux fois, passe, mais chaque semaine et pas toujours durant la même journée. Une fois, c´est le dimanche, une autre fois, c´est le mardi...», souligne le conseil qui ne sera pas étonné par la question du juge: «Dites-nous victime. Que faites-vous dans la vie?» «Démarcheur ou souvent agent commercial. Ce qui explique mes déplacements désordonnés, répond, la face livide, la victime.» «Hum, hum!» fait le président, comme pour s´adresser à l´inculpée et lui signifier que l´argument du papa est solide. Il vient voir ses enfants à chaque visite dans la capitale et c´est tant mieux, que ne pas voir du tout ses propres enfants qui ont besoin de lui sur tous les plans. Maître Djediat avait profité de ce «hum, hum» du juge du siège pour souffler une info que la dame donnera en live, histoire de calmer tout un chacun. Hadj Barik s´aperçoit du geste coquet de l´avocat et balance en direction de la dame: «Vous voulez dire quelque chose, Mme?» «Oui, juste pour lui demander d´appeler avant qu´il n´arrive à Koléa...» Cette précieuse information venait de délier un gros noeud mis en place par un cocktail de haine, de rancune, d´amertume et surtout d´absence de respect de la vie qui voit un couple s´escrimer sur le dos de l´avenir des enfants. C´est ce que plaidera d´ailleurs Maître Djediat qui saluera le réquisitoire de Malek Drissi, le procureur qui a gentiment demandé l´application de la loi, la relaxe en quelque sorte, car on venait de vivre une scène de réconciliation dont la plate-forme avait été très aménagée par l´avocat de Patrice-Lumumba, un défenseur connu et apprécié sur la place d´Alger, dans la ville des Roses, dans celles des Genêts et même Bouira avec toutes ses juridictions. Et avec un tel conseil comment donc la justice ne peut fonctionner normalement, car ce Monsieur de «Maître Djediat» est le type même du partenaire idéal de la justice, telle que prévue par la déontologie, le professionnalisme sans fard et la course dans la recherche de la vérité. Plusieurs magistrats du siège dont Hadj Rabah Barik, le juge du jour, ne ratent jamais l´occasion de remercier l´avocat pour sa franche collaboration et sa fidélité aux idéaux de justice.