«Lorsque le Président m'a nommé, il m'a dit un mot : OMC.» Après le FMI et la Banque Mondiale, l'accord d'association avec l'Union européenne, voilà le temps des négociations avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC ) qui focalisent l'attention des médias et de l'opinion car entrant dans leur phase fatidique avant une probable adhésion définitive de l'Algérie dans cette structure multilatérale du commerce mondial. Le cinquième round de ces pourparlers entre les deux parties débutera d'ailleurs au milieu de cette semaine au siège de cette organisation à Genève. Mais dès aujourd'hui, une seule préoccupation taraude les esprits des µ observateurs qui suivent de près l'évolution de la sphère économique et commerciale nationale. C'est celle de savoir quelles seront les conséquences positives et négatives qui découleront de l'accession de notre pays à cette organisation internationale qui est prévue, en principe, pour le premier trimestre de l'année 2004? Lors de son passage à la rubrique «A coeur ouvert», le ministre du Commerce, M.Noureddine Boukrouh a donné son point de vue sur la question en toute objectivité. Pour lui, «les conséquences, on y est déjà». D'abord sur plan de la mise en conformité des dispositifs législatifs et réglementaires régissant le commerce et les échanges extérieurs du pays avec les autres membres de l'institution. «Il ne reste pas grand-chose (textes) à reformer», selon le ministre du Commerce. Puisque «sur un ensemble de 12 textes de loi à revoir, 8 ont été déjà revus et adaptés conformément aux dispositions de l'OMC». «Il nous reste 2 ou 3 textes (des ordonnances) relatifs à l'agriculture et à l'industrie». En somme l'Algérie, dit M.Boukrouh, est tout à fait «à l'aise sur la question du calendrier des mises en conformité». Ensuite sur le plan pratique et les futures incidences concrètes (négatives ou positives) sur le marché et la société algérienne, il faut savoir, a précisé le ministre du Commerce, qu'avec «l'accession» à l'OMC, «on ne signe pas un accord». «Tout ce qu'il y a c'est que lorsqu'on arrive à un niveau d'accord avec les membres de l'OMC, il y a un procès-verbal qui est soumis à la Conférence ministérielle qui prend connaissance des conditions auxquelles l'Algérie a été admise à faire partie de l'OMC, celui-ci donne lieu à un traité de nature diplomatique qui n'aura de valeur que lorsqu'il sera adopté par l'APN». Quant aux répercussions proprement dites, ajoute-t-il, «nous sommes en train de les gérer maintenant, car on sait, dès aujourd'hui, ce qui va se passer et sur quoi on s'est entendu». Autrement dit, quand on devient membre de cette organisation, «on n'a plus le droit de changer comme il vous plaît, de manière fantaisiste, le système tarifaire (droits de douane ), afin de ne pas perturber les éventuels investisseurs et même vos propres entreprises». Le tout est basé sur le principe sacro-saint de la non-discrimination, c'est-à-dire le traitement égal et équitable pour les nationaux et les étrangers, traitement égal pour les pays étrangers selon la clause de la Nation la plus favorisée ( NPF). Aussi, et à l'adresse des opérateurs économiques nationaux qui s'inquiètent des incidences du prochain possible basculement du pays à l'OMC, M.Boukrouh considère qu'«il ne faut pas regarder les idées de cette institution comme étant en faveur de l'étranger, mais le regarder comme étant en votre faveur». Ce message est destiné surtout à ceux qui activent dans la sphère de l'import-export et qui se voient surtout comme des importateurs alors qu'ils devraient se considérer avant tout, comme des exportateurs devant bénéficier des avantages qu'octroie ce système multilatéral de commerce international. De plus, si ce dernier s'impose désormais aux Etats, certes dans des conditions différenciées, il y a, conclut le ministre du Commerce, toute une batterie de garde-fous qui permettent aux parties qui s'estiment lésées d'avoir des compensations en recourant à des tribunaux d'arbitrage internationaux. Faut-il relever que, dans quelque temps, il y aura, d'après Boukrouh «autant de pays à l'OMC qu'à l'ONU»?