«Ce qui est dans la parole est dans le silence.» Proverbe berbère Au moment où nos frères marocains viennent de lancer, à titre expérimental, une chaîne amazighe de qualité avec un programme qui démarre de 18h à minuit, notre chaîne amazighe (la Chaîne 4) accuse un retard considérable, voire catastrophique dans ses programmes. Les émissions produites par cette chaîne se comptent sur les doigts d´une seule main. Pour preuve, la tranche accordée à cette nouvelle chaîne est seulement de 5 heures (17h-22h). Une durée insuffisante pour marquer sa présence. Mais le plus aberrant, est que la majorité des programmes de cette chaîne sont des programmes tournés en arabe et doublés en tamazight, soit en langue kabyle, soit en chaoui ou en mozabite. La production amazighe est pratiquement absente du programme. Le directeur de la chaîne, Saïd Lamrani, qui a pris la peine de bien dispatcher les programmes selon la langue de la région berbérophone, a exclu les producteurs des programmes amazighs. Mais cette politique reste insuffisante et surtout loin des attentes d´une population berbérophone qui attendait beaucoup de cette nouvelle chaîne. Malgré la présence de plus d´une centaine de producteurs à Tizi Ouzou et la floraison d´une cinquantaine de productions amazighes cela n´a pas convaincu le premier responsable de la Télévision amazighe d´établir un programme étoffé et de fabriquer une télévision au sens propre du terme. En regardant la chaîne amazighe, on se rend compte de la faiblesse du programme de cette télévision. C´est une coquille vide, nous dira un adepte de la télévision. Une émission placée ici et là, un feuilleton de Ramadhan doublé, un JT diffusé sur d´autres chaînes et des longs métrages algériens doublés dans toutes les langues berbères....bref rien d´attirant ni de captant, qui puisse pousser le téléspectateur amazigh à regarder cette chaîne. En revanche, sur Brtv, qui souffre de productions fictions, on programme des émissions de talk-show ou de thèmatique pour parler de la crise économique ou encore de politique. Mais ce qui manque cruellement à cette télévision est son identité culturelle. Un chaîne amazighe, qui ne montre pas les Amazighs, une télévision qui ne donne pas la voix à cette population berbère qui a subi, durant de longues années, la censure linguistique à la télévision publique. Maintenant qu´elle possède une télévision, elle pensait pouvoir s´exprimer librement, mais c´était sans compter sur le verrouillage politique de la chaîne par son propre responsable. Des sujets graves, comme le suicide, les kidnappings et la sécurité dans la région, ne sont jamais traités par cette chaîne qui n´a pas la priorité de l´info. C´est une chaîne culturelle, nous dira un habitué du 21 boulevard des Martyrs, parti à la retraite mais rappelé par Saïd Lamarni, pour faire des petites émissions. Si la chaîne coranique n´a pas trouvé ses marques, la chaîne amazighe s´est complètement effacée, au détriment d´autres télévisions berbères qui restent plus attirantes sur le plan culturel et social. [email protected]