Parmi les premières mesures prises au lendemain des attentats sanglants de Casablanca, il faudrait relever le renforcement de part et d'autre des frontières entre l'Algérie et le Maroc des mesures de contrôle et de sécurité. Contrairement au 31 août 1994, à la suite des attentats de Marrakech, où le royaume alaouite avait désigné l'Algérie et fermé ses frontières devant de nombreux émigrés de retour chez eux, cette fois, on semble privilégier le travail concerté pour sécuriser les voies susceptibles de servir de lieux de passage aux groupes terroristes. Côté marocain, des patrouilles sillonnent les régions orientales du royaume et les voies de passage vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont placées sous une stricte surveillance des forces de sécurité. Cette mesure est qualifiée de préventive par les responsables marocains qui tentent de reconstituer l'itinéraire emprunté par les kamikazes et leur matériel. Plusieurs pistes sont évoquées côté DST marocaine, mais celle du groupe Djihadia salafia ou encore El-Hijra Oua Takfir retiennent l'attention des enquêteurs. Il faudrait rappeler qu'au lendemain du déclenchement de la guerre en Afghanistan, le leader du groupe Djihadia salafia, Abdallah Rafiki, dit Abou Hafs, avait ouvertement fait l'apologie de Ben Laden, ce qui lui avait valu son emprisonnement dans la prison de Salé où sont détenus des islamistes algériens. Côté algérien, des barrages ont été dressés au niveau des localités de Zreka, Sidi Boudjenane, Zouiya et Marsa Ben M'hidi. Les citoyens de passage dans la région n'ont pas manqué d'observer 3 patrouilles mobiles des GGF qui sillonnaient cette large bande des frontières longue de plusieurs kilomètres. A ce dispositif se sont ajoutés des barrages fixes séparés d'une distance de moins d'un kilomètre l'un de l'autre. Plus au Sud, 4 brigades des garde-frontières ont été déployées pour sécuriser cette façade entre les deux pays. Au total, depuis les attentats de Casablanca, ce sont pas moins de 45 postes de contrôle et 8 barrages fixes qui se sont ajoutés au dispositif déjà déployé depuis des années. Pour cette fois, les autorités des deux pays ne veulent pas faire de ce triste épisode un motif pouvant entraver les tentatives de rapprochement entre les deux capitales, mais plutôt, un motif d'un travail coordonné en matière de lutte contre le terrorisme, un principe pour lequel a milité l'Algérie depuis des années.