«La liberté ne peut être que toute la liberté; un morceau de liberté n´est pas la liberté.» Max Stirner- Extrait de L´unique et sa propriété La petite chaîne du Grand Maghreb Nessma TV, qui s´est spécialisée dans le handball, s´est soudainement intéressée à la Palestine. Encore un thème porteur. Une intention louable, mais au regard du discours et du débat qui a commencé cette semaine, on se rend compte que Nessma TV fait du politiquement correct et a voulu soigner son discours vis-vis du conflit au Moyen-Orient, préférant ouvrir son antenne aux partisans de la paix avec l´Etat d´Israël, qu´aux ennemis éternels de l´entité sioniste. Ainsi, dans la liste des cinéastes invités pour cette semaine-hommage à la Palestine, aucun cinéaste proche du courant des résistants palestiniens, du Hamas ou des grands défenseurs de l´Intifada, n´est convié. La majorité des cinéastes invités sont chrétiens ou non-musulmans, inscrits dans le courant des cinéastes palestiniens indépendants, proche des partisans de la paix tels que Elias Sanbar, auteur notamment d´un documentaire sur Mahmoud Darwich, le cinéaste Elia Suleiman et le dramaturge François Abou Salem. Ness Nessma accueillera également Nasri Hajjaj, écrivain et réalisateur communiste, proche du Fplp et qui avait fait un excellent documentaire sur les Palestiniens sans terre, enterrés à l´étranger, Ghaleb Jaber Ibrahim, directeur du Festival euro-arabe Amal, établi depuis des années en Espagne, Ula Tabari, réalisatrice, et Liana Saleh, réalisatrice et journaliste. Mis à part Nasri Hajjaj qui vit à Beyrouth dans les camps palestiniens, la majorité des cinéastes invités vivent en Europe et sont totalement déconnectés de la réalité palestinienne ou du combat palestinien. Certains ont même sévèrement critiqué la politique de Yasser Arafat dans le passé et celle de l´OLP et du Hamas dans le présent. La majorité des invités établissent des liens très étroits avec les artistes israéliens ou d´origine juive. Aucun cinéaste résidant dans les territoires occupés n´est invité sur le plateau de Nass Nessma pour rendre hommage au combat des Palestiniens. Le plus grand absent reste Rashid Masharawi qui en 1994 s´est illustré avec Couvre-feu, ou encore Michel Khelifi, qui avait ouvert le bal du cinéma palestinien en Europe avec Noces à Galilée. Contrairement à Elia Soulieman, ces deux cinéastes sont totalement engagés dans le combat pour une Palestine libre et refusent la coproduction avec des Israéliens même pacifistes. Rashid Masharawi s´est d´ailleurs toujours démarqué des films du talentueux Elia Souleiman, considéré comme relevant du cinéma à messages, moins direct que les films à thème que réalise Masharawi ou Borhan Alloui, auteur, notamment du film Kafr Kassem. Sur le plateau de Ness Nessma, Fawas (briffé sur ce point) parle d´un combat et d´une résistance palestiniens sans la violence. Pas un mot sur le combat des Palestiniens à Ghaza. Pas un mot sur la résistance de Hamas en 2008, pas un mot sur l´Intifada, l´action qui a le plus médiatisé la cause palestinienne et surtout pas un mot sur Arafat ou Abou Djihad, qui a été tué par un commando israélien à Tunis. Le message est clair. Il ne faut pas gêner nos frères juifs en Tunisie et ailleurs. Le grand organisateur de cet hommage aux Palestiniens est Tarek Ben Amar. C´est grâce à son carnet d´adresses, que Nessma TV a reçu ce parterre de grands créateurs palestinien, qui passent leur temps dans les festivals en Europe et en Amérique du Nord. Devant cet état de fait, plusieurs artistes palestiniens ont demandé l´arrêt immédiat de ce programme sur Nessma TV. [email protected]