«C´était un plaisir de participer à votre émission sachant que vous n´étiez pas les favoris de Ben Ali.» Hillary Clinton BRLe passage de la secrétaire d´Etat américaine, Hillary Clinton sur Nessma, a été un «non-événement» sur le plan médiatique. Présentée comme une exclusivité par Nessma TV, le passage de la chef de la diplomatie américaine était plus un talk-show à la Ophrah Winfrey qu´une interview politique. La plus grosse erreur de Nessma est le timing de son passage et le faux direct de l´émission mal appropriés. Son passage a été effacé par la décision des Nations unies sur la Libye, qui devait intervenir deux heures après son passage sur Nessma TV, alors que Mme Clinton aurait pu offrir l´exclusivité en faisant une déclaration juste après l´annonce de l´ONU. L´émission, qui a été enregistrée quelques heures avant 21h n´avait apporté aucune nouvelle déclaration de la politique extérieure américaine. Et ses déclarations sur la Tunisie, tout comme sur l´Algérie, avaient été déjà faites dans des discours d´Obama et du département d´Etat. C´est pourquoi, aucune agence de presse internationale, aucune télévision et surtout aucune chaîne de télévision tunisienne, à l´image de la première chaîne Al Watanya et Hannibal, n´avaient repris les passages et les interventions d´Hillary Clinton sur Nessma TV. Même Al Jazeera a ignoré l´événement. Pour la première fois de sa carrière, Hillary Clinton avait était ignorée par les médias étrangers. En réalité, les frères Karoui se sont exclus eux-mêmes de la médiatisation internationale, puisqu´ils n´ont autorisé aucune chaîne de télévision à diffuser gratuitement les passages de la chef de la diplomatie américaine. Les images sont payantes avait déclaré à un journaliste un responsable de Nessma TV. Mais Hillary Clinton n´a accordé aucune déclaration fracassante, aucun scoop et s´est contentée de reprendre les vieux discours et surtout faire passer tous les messages de la politique extérieure américaine. 52 mn de talk-show où les deux présentateurs de Nessma TV ne savaient pas s´il fallait poser les questions en arabe, en français ou en anglais. Le niveau des questions laissait également à désirer comme cette dernière proposition de la présentatrice tunisienne qui invita Hillary Clinton à venir passer les vacances en privé en Tunisie, ce qui a fait rire la secrétaire d´Etat américaine qui se rappelle les déboires de la visite privée de son ex-collègue française des Affaires étrangères, Alliot-Marie. Quelques secondes après le talk-show, Nessma TV a démontré une nouvelle fois «son amateurisme audiovisuel», en présentant une émission-débat où on retrouve le même journaliste qui a fait le talk-show avec Hillary Clinton, Lyès Gharbi. Ce dernier a piloté un débat avec un groupe de journalistes maghrébins sur la visite de la chef de la diplomatie américaine en Tunisie. Question: «Comment peut-on prétendre décrocher une interview avec Hillary Clinton et qu´on ne possède qu´un seul journaliste politique dans la rédaction de sa chaîne?» En plus de la mauvaise gestion médiatique, suite à cette émission, Nessma TV a provoqué une polémique en Tunisie en excluant l´une des actrices de la révolution. En effet, à quelques heures du talk-show, la fameuse blogueuse Emna Ben Jemaa a vu son invitation à participer au talk-show annulée par l´ambassade américaine, parce que Nessma TV ne voulait pas de sa présence sur le plateau. Une nouvelle preuve de l´absence réelle de liberté d´expression en Tunisie et plus particulièrement sur cette chaîne privée. [email protected]