Rencontré à Paris lors de la 17e conférence de la Copeam à Paris, Tarek Ben Ammar est convaincu que Nessma TV est une chaîne du « Grand Maghreb tolérant ». Dans cet entretien, il aborde avec emphase certaines questions phares. Il révèle que la chaîne a déposé un dossier à Alger pour l'autorisation de Nessma TV. De notre envoyé à Paris Quel regard portez-vous sur la création de la chaîne de la Méditerranée, proposée par la Copeam ? Je ne peux pas me prononcer, car je ne connais pas le dossier. L'idée est à la fois noble et généreuse. Il s'agit de la création d'une chaîne méditerranéenne. Il est clair que le lancement de cette chaîne dépend de l'inspiration et de la volonté politique. Qui va en être l'initiateur ? Qui va en être le leader ? Qui mettra plus d'argent que l'autre. Regardez, combien de personnes payent leurs redevances et cotisations. Nous sommes prêts à participer au projet si celui-ci est viable d'un point de vue commercial. Ce qui a été possible entre les Français et les Allemands pour ARTE ne le sera que difficilement avec les pays de la Méditerranée. Nessma TV vient de souffler une bougie, quelles sont, justement, ses ambitions à long terme ? Nous avons réussi. Nessma TV est une chaîne généraliste. Nous allons nous spécialiser et offrir aux téléspectateurs maghrébins l'ensemble de la grille de divertissement que les télévisions européennes font avec leurs spectateurs. Nous allons peut-être faire mieux, et on ne va pas être moins bons non plus. Nous avons la même ambition que certaines chaînes étrangères qui font du sport, des documentaires, de la fiction… Nous ferons la même chose. Nessma TV est-elle autorisée à faire de l'information ? Absolument, nous avons le droit de faire de l'information avec notre licence. Cependant, nous en ferons quand on aura les moyens financiers. Cela coûte énormément d'argent. L'audience de Nessma TV en Tunisie est assez basse par rapport à d'autres chaînes de télévision tunisiennes concurrentes... Ce sont des chiffres erronés, fabriqués par un sondage commandé par l'une des télévision tunisiennes. Ce genre de commande existe en Europe. Chez nous, nous n'avons pas d'institut de sondage réel. Demandez au peuple algérien s'il regarde Nessma TV. Nous sommes un triomphe en Algérie. Nous sommes la première chaîne sur les cinq chaînes existant en Algérie. Les Algériens sont de grands consommateurs de chaînes de télévision. Je veux que la jeunesse algérienne s'informe en regardant nos programmes. Les chaînes du Moyen-Orient restent nettement concurrentielles puisqu'elles ont réussi brillamment... Si les chaînes du Moyen-Orient ont réussi, c'est parce qu'elles ont des moyens financiers énormes. Ces chaînes ont su capter leurs publics. Le Maghreb n'est pas le Moyen-Orient, c'est une zone géopolitique différente. Les chaînes du Maghreb ont fait une tentative pour créer MBC Maghreb, mais cela n'a pas réussi. Rotana Maghreb a fait également une tentative qui n'a pas réussi. ARTE Maghreb n'a pas vu également le jour car les concepteurs ne comprennent pas la mentalité du Maghreb. Nous sommes un peuple maghrébin avec nos difficultés, nos divergences et nos unités. Je suis pour le dialogue et pour cette ouverture. Que le meilleur gagne. Une chose est certaine, c'est que je suis un privé. Je n'ai pas les Etats derrière moi. C'est cette liberté qui, d'après moi, est l'essentiel. Vous vous êtes spécialisés dans le cinéma. Est-ce que, justement, Nessma TV compte produire des films ? Nous venons de coproduire deux grands films dont l'un sera présenté au Festival de Cannes. Il s'agit de Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. J'en suis le coproducteur. Ce film a été tourné en Tunisie dans mes studios, mais avec l'apport du gouvernement algérien. J'espère que ce film sera sélectionné, car, réellement, c'est un beau film qui parle d'un grand thème qui est la lutte de Libération nationale algérienne et ce, à partir des événements du 8 Mai 1945 à Sétif. Nous sommes fiers d'avoir également coproduit le film de Julian Chenabelle sur la Palestine qui s'appelle Miral. Nessma TV coproduit tous les films. Je démarre un autre film avec Rachid Belhadj. Je mets mon talent et mon studio au service des intéressés. Il y aura beaucoup de monde derrière ce film. C'est un film qui coûtera vingt millions d'euros. L'Algérie vous a-t-elle accordé une autorisation pour Nessma TV ? Je ne suis pas le directeur général de la chaîne Nessma TV, mais l'actionnaire. Je pars du principe que l'Algérie a ouvert la liberté aux journaux privés puisque vous en êtes les dignes représentants. Pourquoi l'Algérie ne donnerait-elle pas l'autorisation à Nessma TV ? Le président de Nessma TV, Fethi Houidi, ici présent, pourra vous confirmer que la chaîne a déjà déposé un dossier à Alger et que l'autorisation lui sera accordée incessamment. C'est juste une question administrative. Que prévoyez-vous pour la couverture de la Coupe du monde en juin 2010 ? Nous allons installer à Alger un plateau de télévision pour défendre la flamme algérienne, comme nous l'avons fait antérieurement. Nessma TV sera derrière l'équipe nationale algérienne comme elle l'a été à Khartoum.