Marouane du "Champ de manoeuvres" a fait un bébé à Camélia à qui on refuse le mariage. Alors, le marathon du père va s´arrêter en taule... «Je n´ai jamais violé de domicile. J´ai été accueilli par la grand-mère de mon fils. Elle m´a ouvert la porte. J´ai voulu discuter. Je me suis fixé un seul objectif: donner une famille à mon fils, avec sa mère Camélia, et moi, le papa. Je veux seulement récupérer mon fils âgé de dix-huit mois. Je suis un jeune travailleur qui a connu la fille dont les parents refusent obstinément l´alliance, et ce, depuis quatre ans. Oui, nous nous sommes aimés fort, très fort durant quatre années et le bébé, nous l´avions voulu par amour et pour aller au mariage. La grossesse était connue, sauf par son père. La maman était au courant que mon fils est chez moi. J´ai voulu refaire la vie du bébé. J´ai reçu un coup de hache sur la tête de la part de la grand-mère de mon fils. J´ai été maltraité en guise de reconnaissance. J´aurais pu jeter le foetus à Mouzaïa dans la forêt, mais non. Je crains Allah», a débité l´inculpé. Saloua Derbouchi, la juge ne comprend pas: «Vous voulez récupérer l´enfant ou la maman? ou les deux?» Marouane le détenu dit oui en ajoutant que «c´est la maman qui m´a ouvert la porte d´entrée et offert le déjeuner que j´ai décliné car mon copain m´attendait dans sa voiture et était pressé de repartir. Je n´ai aucune raison d´agresser ceux que j´ai choisis comme beaux-parents», avait-il souligné les yeux larmoyants. Témoin ou procureur? Appelé à témoigner, un parent de la victime qui était arrivé en fin d´incident dans le hall de la villa, s´est comporté en véritable représentant du ministère public allant jusqu´à prendre partie, fait et cause en disant: «Il vient devant le domicile en criant, gueulant, criant au chantage, menaçant toute la famille de "représailles" et autres insultes que la morale m´empêche de reprendre ici», avait lancé le témoin que Maître Dechicha, l´un des quatre avocats, mettra au pied du mur en posant une question dont la réponse va pousser la vigilante Derbouchi à balancer sans coup férir: «Attention, témoin! Vous venez de répondre qu´il avait une hache à la main en tapant sur la porte d´entrée alors qu´au tout début, vous aviez dit être sur le toit». Silence radio. Maître Bassem, l´avocat de la partie civile, commence à plaider à l´oriental i-e par des: X...savant pré-islamique a dit:...» plaidant à tue-tête, ce qui a apparemment, agacé Derbouchi, la juge qui a été magnifique ce mercredi. L´avocat a tenté de démonter les arguments du détenu Marouane qui a fait preuve de naïveté selon l´avocat de Hussein Dey. Ce même avocat qui a tourné beaucoup plus sur les déclarations contradictoires de l´inculpé contre qui il demande, à titre de dommages et intérêts: la préservation des droits de la victime, absente ce jour et ce, juste après qu´il eut insisté sur la requalification de délit en crime en mettant en avant l´usage d´une hache, avec la tromperie de Marouane qui aurait tapé sur la porte se faisant passer pour un préposé de Sonelgaz (le pauvre!) «Non, non, ce n´est pas vrai!», laisse échapper l´inculpé qui ne comprendra pas l´acharnement de Maître Bassem, rappelé d´ailleurs à la raison par la juge. Abderrahim Regad, le procureur était, lui, amer et demande le maintien des deux délits prévus et punis par les articles 292 et 264 du Code pénal. Les défenseurs de Marouane ont axé leurs interventions autour précisément des déclarations contradictoires, car dans tout ce dossier, l´inculpé n´avait été coupable de rien du tout sauf qu´il voulait une famille au grand complet. Ils se sont même étonnés que Camelia soit enceinte; personne dans la famille ne le savait; c´est impossible. Tout le monde savait sauf le père de la fille. Quant aux pseudos coups et blessures, les avocats ont balayé du revers de la main cette inculpation. Maître Fatima Amounib avait, entre autres, elle, avant sa jeune consoeur Maître Ibtissem Gougame, attiré l´attention sur les demandes du représentant du ministère public qui avait correctement répliqué à l´excitation malvenue du conseil de la partie civile lors des demandes exécutées dans le strict respect du droit. «Ramenez-nous une seule preuve de la violation de domicile et nous accepterons sans coup férir le verdict le plus dur du tribunal», avait lancé Maître Gougam alors que sa consoeur, Maître Amounib avait souhaité «voir le bébé dans la salle réclamer la maman». Maître Amira Mehlel, par exemple rigole au prétexte que l´inculpé eut usé de ruse pour utiliser le sésame «Sonelgaz, ouvrez-moi». Flétrissant le témoignage du sympathique barbu, l´allié des plaignants, Maître Mehlel, comme Maître Farouk Dechicha, avait mis sur l´étau le professionnalisme de la juge avant de tomber avec une...hache sur son confrère Maître Bassem qui s´était fâché en regrettant qu´un avocat n´ait pas pensé à éteindre le feu, en calmant le demandeur de la main de son bébé. «Nous savons tous que lorsqu´une fille tombe enceinte, c´est elle qui court derrière le père pour légitimer les coordonnées du bébé-innocent à cent pour cent. Or, c´est Merouane qui court pour régulariser la situation. Une situation unique que nous n´avons jamais rencontrée au cours de notre modeste, même si elle est longue, carrière», a balancé l´élégant avocat de Blida qui a laissé la rouquine Maître Mehlel, la joviale Amounib et la charmante Gougam, pantois. A la suite d´une courte mise en examen, Derbouchi revient et décide d´infliger au détenu de vingt jours, une amende de dix mille dinars pour ce qui est des coups et blessures volontaires et la relaxe pour la violation de domicile considérant que la maman de Camélia avait ouvert la porte au «gendre» qu´il ne sera jamais, mais le père du bébé dont elle ne voudra jamais car le papa, lui, ignore jusqu´à ce jour que sa fille a eu un bébé hors mariage, un bébé voulu par contre par Marouane et sa dulcinée Camélia. Nous allons achever cette chronique par un hommage appuyé à toutes les magistrates de l´envergure de cette magnifique Derbouchi qui avance à grands pas de géant dans cette noble profession de magistrate du siège, par sa droiture, son honnêteté et surtout son honorabilité pour faire plaisir, non pas à la tutelle, mais surtout pour son père et ses enfants. Merci Saloua, vos audiences du mercredi sont un délice. Merci, merci et merci, mille millions de fois!