«L´amitié est une maladie qui n´a guère d´autre remède qu´une poignée de terre.» Proverbe turc L´ambassadeur de la Turquie, Ahmet Necati Bigali, a lu avec un grand intérêt notre chronique consacrée à l´audiovisuel turc, parue dans l´édition du 23 mars 2010. Néanmoins, il a voulu attirer notre attention sur le terme «Gouvernement islamiste» mentionné dans le premier paragraphe de notre chronique, indiquant, pour sa part, que ni le gouvernement actuel, ni le parti politique au pouvoir en Turquie ne sont islamistes. Il explique que le parti qui gouverne actuellement se définit lui-même comme «démocrate conservateur». La précision diplomatique est de taille, mais «démocrate» n´est pas le terme souvent utilisé par les médias, en tout cas par Wekipedia, qui définit le parti turc au pouvoir (AKP) Parti pour la justice et le développement comme un parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Le président turc, Abdullah Gül, et le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, sont issus de ce parti. Chez nous, on compare souvent l´AKP au MSP de Bouguerra Soltani...pas pour la démocratie en tout cas. Mais au pays de la Mosquée Bleue et du laïc Kamal Ataturc, on respecte la notion de la démocratie, même si on est de mouvance islamiste conservateur. C´est cette fusion et cette conception de l´Islam moderne qui font trembler l´Europe. La Turquie est un pays qui se développe, au moment où l´Europe fond dans la crise. La Turquie, qui a une culture, un passé, est en train de bâtir son avenir avec la force de ses idées conservatrices et modernes. Tout a commencé en 2005 avec le feuilleton Nour, Sanawet El dayaa puis Doumoue el ward, ensuite par Oued Ehdiab et Mirna oua Khalil. Sur les 60 feuilletons turcs produits chaque année, au moins une dizaine est doublée et vendue aux chaînes arabes. Même avec un gouvernement conservateur, jamais l´audiovisuel turc n´a connu une telle apogée. Depuis les années 2000, le cinéma et l´audiovisuel turcs se sont développés au même moment que le champ audiovisuel arabe. Avec les studios Yesilçam (Green Pine) un quartier artistique installé au Yesilcam Street dans un quartier d´Istanbul où de nombreux artistes et réalisateurs ont créé leur Hollywood turc, des dizaines de feuilletons et de films sont tournés au bord du Bosphore. Les chiffres de production cinématographique ont grimpé en flèche dans la seconde moitié des années 2000, arrivant jusqu´à 40 films en 2007, dont certains sont sélectionnés dans les festivals de première catégorie comme Cannes, Berlin ou Venise. La Turquie possède plus de 410 salles de cinéma. Un peu le même nombre que l´Algérie à l´indépendance. Mais bon!!! le MSP n´existait pas à l´époque pour les sauvegarder. Le marché turc de la télévision est dominé par quelques grands groupes de médias qui possèdent les cinq principales chaînes nationales du pays - ATV, Kanal D, Interstar, Show TV et Tgrt. Chaque chaîne est ainsi intégrée à un holding regroupant journaux, radios ou télévisions thématiques de plus petites télés. Cette concentration entraîne bien sûr une compétition souvent féroce. La fragmentation de l´audience en Turquie n´a pas encore atteint celle des pays d´Europe occidentale du fait, notamment de la culture familiale turque et du nombre limité de second poste de télévision par foyer. Néanmoins, la TRT, groupe public de radio et télévision, qui regroupe sept chaînes, domine le marché de la consommation audiovisuelle. Mais contrairement à l´Algérie et ce n´est pas la faute au MSP, la Turquie possède un paysage audiovisuel large: 16 télévisions nationales hertziennes privées et 53 chaînes de câble. A méditer. [email protected]