La libéralisation sans garde-fous peut conduire à des situations de crise dans ces secteurs. La troisième conférence euroméditerranéenne des ministres de l'Energie et des Mines se tiendra cette semaine à Athènes, en Grèce. La délégation algérienne qui y prendra part, sera conduite par le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, et sera composée de hauts fonctionnaires du ministère et de cadres supérieurs de Sonatrach, Sonelgaz et d'Algerian Energy Compagny ( AEC ) une société mixte créée par les deux premières entreprises. La conférence a pour objectif de renforcer le partenariat entre les pays des deux rives de la Méditerranée dans ce domaine et d'adopter le programme d'action prioritaire de la commission pour la période 2003-2006. Toutefois, si les travaux de la rencontre à laquelle participeront pas moins de 40 ministres chargés du secteur parmi lesquels ceux des nouveaux pays membres de l'Union européenne, se focaliseront sur l'examen des projets prioritaires retenus par la commission, ce sont les projets relatifs aux gazoducs reliant l'Algérie à l'Espagne et l'Algérie à l'Italie, via la Sardaigne, et celui concernant le câble électrique sous-marin algéro-espagnol qui retiendront l'attention des participants. De plus, la question inhérente à la destination du gaz algérien, qui reste en suspens même après le début de solution que semble connaître le dossier des contrats à long terme, sera la toile de fond des points qui seront examinés par M.Chakib Khelil et ses homologues euroméditerranéens, à leur tête Mme Loyola de Palacio, vice-présidente de la Commission européenne chargée de l'énergie et des transports. Il faut rappeler que lors de sa visite en Algérie en février dernier, cette dernière avait évoqué avec ses vis-à-vis algériens cette question des clauses de destination des contrats gaziers de notre pays avec les pays de l'UE en estimant alors «certaines clauses (de ces contrats) contraires à la concurrence qu'il faut régler». C'est que depuis la libéralisation du marché du gaz dans l'espace européen, il n'est plus possible de considérer l'UE comme une juxtaposition de 15 pays, voire de 25 pays, mais comme un seul marché. Résultat: ces clauses restrictives à la libre circulation du gaz importé au sein de l'UE sont devenues illégales, car contraires aux Traités européens. Or, les contrats existants concernés courent encore pendant 10 à 15 ans et contiennent des dispositions qui empêchent les acheteurs (importateurs) de gaz algérien de le revendre ailleurs, même dans l'UE. Pour remédier à ces impasses, l'Algérie a proposé plusieurs solutions, notamment celle du système de partage des bénéfices (profit-sharing) qui permettrait à Sonatrach d'encaisser une prime chaque fois que son gaz serait réexpédié ailleurs même dans l'UE. Cette dernière a refusé car elle estime que cela équivaudrait à une entente sur les prix, contraire au droit communautaire de la concurrence. Autrement dit, le dossier n'avance pas dans le fond et les solutions définitives font toujours l'objet d'âpres tractations entre Bruxelles et Alger. La fameuse directive gaz de l'Union européenne de 1998, étroitement liée au premier volet, si jamais elle est strictement appliquée, pourrait remettre en cause les clauses à long terme et à destination des contrats gaziers de take or pay. Certes, l'exemple de la crise énergétique californienne a poussé à la flexibilité des points de vue européens et les négociations sur le dossier évoluent positivement, les uns et les autres cherchant à trouver un accord médian prenant en compte la libéralisation des marchés, l'émergence de nouveaux producteurs et la sécurité des approvisionnements et des investissements. Quant au secteur de l'électricité, il faut mentionner qu'il s'agit de mettre en place un processus technique de coopération pour la création d'un marché intégré euromaghrébin dans ce domaine. D'où l'importance des interconnexions électriques entre les pays méridionaux de l'UE et ceux du Maghreb en matière d'échange de l'information technologique et de normes d'économie d'énergie.