Il y a des avocats qui sauvent une situation en parcourant comme il faut, le dossier... Les deux coups de couteau reçus par la victime, par derrière, étaient l´oeuvre d´un lâche et c´est un innocent qu´on a ramené à la barre. Innocent mais possédant un casier, mais alors, un véritable récidiviste que son propre avocat en était désespéré sous le vocable de démon récidiviste, douze fois de quoi l´envoyer à la prison de Tazoult, en cas de condamnation. Mais le destin aura voulu que cette fois, le détenu avait sur sa route, une juge courageuse. Malheureusement, le procureur, au cours de la présentation, a entendu la victime, ne pas désigner Yassine. Mais...non! Et les débats allaient nous faire voir de toutes les couleurs surtout qu´il y a des défenseurs qui sont si pointilleux lors de la lecture du dossier qu´ils arrivent à dégotter des détails troublants pouvant pousser les magistrats du siège à mieux ouvrir l´oeil lors de l´audition des inculpés au tribunal et des prévenus devant la cour d´appel. Or, cette journée aura permis de mettre à jour des ratés lors de l´enquête préliminaire que parfois même le patron de la police judiciaire n´arrive pas à voir noir sur blanc. Et dans ce même ordre d´idées, il faut rendre justice aux parquetiers qui découvrent des anomalies et évitent ainsi d´autres bévues avant que le dossier n´arrive sur le pupitre de la magistrate (ou du magistrat) du siège dont beaucoup n´arrivent pas à être confrontés à ce genre de pratiques honnies par les hommes de loi couverts par la rectitude et l´intégrité qu´ils utilisent dans l´avancée de leur carrière! Saloua Makhloufi, la présidente de la section pénale du tribunal de Bir Mourad Raïs de la cour d´Alger avait mercredi dernier, un détenu inculpé de vol avec violence, à l´aide d´une arme blanche ayant causé de graves blessures à l´épaule et à la cuisse gauche. Yassine B., dix-neuf ans, risquait une lourde peine de deux ans de prison ferme demandée par ce rude Abderrahim Regad, le procureur de l´audience, mais avait comme défenseur le non moins rude Maître Chadli, Zouina, l´avocat de Sidi Yahia, de Bir Mourad Raïs (Alger), qui sera d´ailleurs, la «star» de ce mercredi. La victime Yassine B., (décidément comme coïncidence) âgée de vingt et un ans allait faire basculer le sort de ce procès que Makhloufi, la juge, avait entamé tambour battant. L´interrogatoire musclé qu´elle menait démontrait encore une fois la valeur de cette magistrate dont le papa était fier. Et cela, l´avocat le savait surtout que le tournant du procès allait avoir lieu à la barre lorsque la victime avait déclaré que ce n´était pas ce Yassine qui lui avait donné deux coups au stade du 5-Juillet. «Vous êtes sûr ou vous avez peur des représailles?», demande la juge. Et la victime de répondre qu´il n´était pas question de peur car il réside à Djelfa. Maître Zouina allait sauter sur l´occasion et poser une question dont la réponse allait édifier le tribunal. «Comment aviez-vous été attaqué?», murmure l´avocat. «J´ai reçu deux coups par derrière. L´un à l´épaule et le second à la cuisse.» Makhloufi bat des cils et prend des notes, après quoi, elle prit soin de rouvrir le casier judiciaire de Yassine B., et relire à haute voix les délits et peines prononcées sans oublier que Maître Zouina avait précisé que certes, c´est un petit diablotin mais que cette fois, il n´y était pour rien: «Vous n´allez tout de même pas croire que je suis là pour vous dérouter. N´oubliez pas que je suis un partenaire prêt à vous aider à rendre justice. Oui, Mme, ce jeune est, cette fois, blanc, plus blanc que la propreté.» Makhloufi sourit, passa ses belles phalanges dans sa chevelure, transcrit le dispositif et relaxa le gus qui avait sauté de joie. Il y avait de quoi! Revenir de deux ferme, ça c´est de la justice.