Une femme se plaint d'un vol commis par sa voisine. Elle se plaint tant et si bien que le destin avait voulu que l'on s'éloigne un tant soit peu du délit du jour pour s'accrocher durant un bon moment au casier de l'inculpée. Et cette manière de faire avait déplu à l'avocate de l'inculpée venue de la haute Koléa sur la verte Boufarik qui a demandé à parcourir ce fameux texte de loi qui veut qu'on condamne quelqu'un au vu de son casier : «Elle a fait quelque chose de grave. Elle a été jugée, entendue et condamnée pour ce délit qui date de douze mois déjà. Pourquoi y revenir ? Non, ma cliente est innocente ce mercredi !», avait crié le conseil. La présidente, elle, a eu le loisir d'écouter tout ce beau monde avant de décider, après une courte mise en examen, d'infliger un bon six mois de prison ferme, le délit y étant selon les clairs débats menés adroitement par Mamèche, décidée à aller jusqu'au bout de la vérité. L'inculpée de vol à Boufarik avait écopé à Koléa d'une année et demie auparavant pour vol ! Elle a même un casier chargé, si chargé que si la loi le permettait, cette femme aurait signé un pacte avec le diable pour ne plus quitter sa cellule et pour longtemps. Sabiha L., la trentaine, est désignée de l'index par sa voisine de s'être introduite chez elle et d'y avoir commis le vol de beaucoup d'objets de valeur. Abderaouf Kouchim, le procureur, est à cheval. Maître Hayet Kadi défendant l'inculpée s'en prend à la victime qui avait évoqué des témoins qui n'ont jamais confirmé le délit. «C'est un espace mitoyen entre le dispensaire et le logement de la pseudo-victime qui avait dû s'accrocher à la description physique de l'inculpée vue de loin ! Elle n'a jamais été surprise en flagrant délit de vol. La plainte n'avait été déposée que neuf jours après le vol. Où étiez-vous honorable victime durant huit journées ? Où sont les preuves ? A-t-on trouvé un seul effet volé chez ma cliente perturbée par cette histoire de condamnation passée évoquée ce mercredi ? A quel dessein ? Pourquoi devrait-on condamner cette dame pour un délit commis il y a près de deux ans ? Le parquet en demandant cette peine de prison ferme peut bien étaler les preuves. Eh bien non. Monsieur le procureur ne peut faire correctement son boulot, car de preuves, point. Il n'a, malheureusement pour ma cliente, que le casier. Et quand bien même le casier serait chargé, madame la présidente, depuis quand envie-t-on à l'ombre un récidiviste non concerné par l'affaire du jour ?», avait presque hurlé maître Kadi qui avait soulevé beaucoup d'admiration. Les parents de l'inculpée étaient sur un nuage. Leur fille venait à échapper au coup de sabre de la justice locale. Mais entre une brillante plaidoirie et un verdict sans reculade, reste le délit, un délit soutenu fortement par la récidive, une récidive qui joue constamment en faveur de la justice qui condamne...