Une série d'attentats anti-israéliens a secoué Israël au cours des trois derniers jours. Depuis samedi, cinq attentats, revendiqués par les mouvements de la résistance palestinienne (notamment Hamas et le Djihad islamique). Après quelques semaines d'accalmie, la violence a donc enregistré un retour en force. Hier un autre attentat a été commis dans la ville d'Afoula au nord d'Israël, occasionnant, selon la radio israélienne, la mort de 4 personnes, dont le kamikaze, et 19 blessés, portant le nombre de morts des dernières attaques de la résistance palestinienne à 9 personnes. Toutefois, cette recrudescence des opérations kamikazes palestiniennes est à imputer en premier lieu au gouvernement israélien et est liée directement aux actes de représailles de l'armée israélienne, qui organisa, ces derniers jours, des opérations punitives contre les Palestiniens, notamment par la destruction des maisons et de plantations agricoles à Gaza et en Cisjordanie, dans l'optique, affirmée, d'inciter la population à quitter les territoires occupés. Les agressions et incursions de l'armée israélienne étaient d'autant plus injustifiées que les organisations palestiniennes observaient, depuis quelques semaines, une sorte de trêve, sans doute non déclarée, mais réelle. La situation s'est, en fait, détériorée à partir de jeudi lorsque, quarante-huit heures avant de rencontrer le chef du gouvernement palestinien, Mahmoud Abbas, Sharon a donné le feu vert à l'armée israélienne pour engager une vaste opération de «punition» des familles de kamikazes par la destruction de leurs logements et de leurs biens. Par ce geste, Sharon a montré le peu de cas qu'il faisait des tentatives faites ici et là au plan international afin de recoller les morceaux d'un processus de paix torpillé par le chef du Likoud. A la manière du voleur qui crie au voleur, une nouvelle campagne de dénigrement est engagée contre le président Yasser Arafat auquel les Israéliens tentent de faire porter la responsabilité de la dégradation sécuritaire dans les territoires occupés et en Israël. Ainsi, au moment même où le gouvernement israélien bouclait, dimanche, la totalité des territoires palestiniens et renforçait le siège autour de Ramallah, siège du gouvernement palestinien, et encerclait la Moukataâ - lieu de séjour forcé de Yasser Arafat depuis décembre 2001 - Tel-Aviv, selon des déclarations de conseillers d'Ariel Sharon, envisage le «bannissement» du président palestinien. On notera que Sharon privilégie dans son langage des termes comme «Bantoustan» et «bannissement» qui ont eu leurs jours de gloire à la période du plein apogée de l'apartheid en Afrique du Sud. Pour faire bonne mesure, le porte-parole de la Maison- Blanche a déclaré hier que Yasser Arafat «n'a jamais joué un rôle utile. Je ne sais pas quel rôle il joue maintenant, mais il n'a jamais aidé». Le même porte-parole indique qu'il «est essentiel que toutes les mesures soient prises pour combattre le terrorisme. Il faut que cela soit le cas pour que les parties aient assez confiance pour pouvoir avancer sur le front politique». Sans doute reste cependant que le fait même d'assimiler la résistance palestinienne à l'occupation israélienne au terrorisme rend quasiment caduque l'option de la création d'un Etat palestinien comme l'envisage la feuille de route. Option de fait clairement rejetée par Sharon. Faire porter la responsabilité de la recrudescence de la violence au président Arafat tout en ignorant la part réelle d'implication d'Israël et de l'armée israélienne, dans la dégradation générale de la situation n'est ni politique ni moral. De fait, un éventuel exil de Arafat ne solutionnera en rien le problème qui reste celui du droit des Palestiniens d'ériger leur Etat indépendant. Aussi, tant que la communauté internationale n'a pas assumé ses responsabilités dans la persistance du contentieux proche-oriental, les attentats, tel celui d'Afoula, hier, subsisteront encore longtemps. Sharon a clairement refusé la paix contre la terre, comme le consignait l'accord d'Oslo, et porte en réalité l'entière responsabilité de la mort de milliers de juifs et de Palestiniens ces trois dernières années.