Raids aériens ciblés, incursions, assassinats, arrestations, raids fictifs, bombardements à l'aide de l'artillerie et des chars sont les principaux ingrédients de la nouvelle escalade militaire israélienne dans les territoires palestiniens, soumis à un blocus étouffant depuis quelques jours. Sept Palestiniens, dont deux militants du Djihad islamique, ont été tués dans la soirée de jeudi près du camp de réfugiés de Djabalia, au nord de la bande de Ghaza, par les éclats de trois missiles au moins, lancés, selon des témoins, par des hélicoptères, contre la voiture des militants du Djihad. Les autres morts sont des civils innocents. Pas moins de vingt autres citoyens ont été blessés au cours de la même agression. Selon des sources médicales, l'état de cinq d'entre eux est critique. L'escalade israélienne avait débuté dimanche soir à Toulkarem où des soldats ont assassiné le chef des Brigades Al Qods en Cisjordanie occupée, Louai Saâdi, ainsi que son compagnon Madjed El Achkar. Le Djihad avait juré de se venger très rapidement et de mettre un terme à la « période d'accalmie ». « Nous ne resterons pas inactifs alors que coule le sang de nos combattants. L'ennemi va regretter ce crime et l'accalmie est finie », avait affirmé un communiqué du Djihad. La réponse du mouvement radical palestinien ne s'est pas fait attendre. Lundi, ses militants ont lancé plus de vingt roquettes de fabrication locale à partir du nord de Ghaza en direction du territoire israélien. Cette attaque, qui n'a causé ni blessés ni dégâts matériels du côté israélien, a été le prétexte utilisé par Israël pour reprendre ses activités militaires dans la bande de Ghaza, laquelle a vécu une période d'accalmie depuis le début du mois de Ramadhan. Les avions de chasse israéliens ont effectué des dizaines de raids fictifs avec à chaque fois une énorme explosion au-dessus des localités palestiniennes, entraînant des dégâts matériels, portes et fenêtres arrachées, vitres brisées, mais surtout une peur maladive chez les enfants, dont des rapports médicaux soulignent la profondeur des dégâts sur la santé psychologique de cette tranche importante de la société palestinienne. Mais c'est sûrement l'attentat suicide commis par un militant du Djihad islamique, mercredi dans le marché de la ville de Khadera au nord d'Israël, qui a fait le plus mal au Premier ministre israélien Ariel Sharon, lequel a promis des opérations militaires d'envergure en Cisjordanie et à Ghaza, non limitées dans le temps. Cet attentat suicide avait fait 5 morts et une trentaine de blessés israéliens. L'Autorité palestinienne avait pourtant condamné l'attentat. « L'attaque palestinienne à la roquette (lundi soir, ndlr) depuis Ghaza et l'attaque suicide d'aujourd'hui sont une violation de la trêve du Caire », conclue en mars entre les groupes armés palestiniens, avait déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas. Plus tôt, devant le Parlement palestinien à Ramallah, M. Abbas, s'adressant aux militants palestiniens, leur avait demandé de « cesser de donner des prétextes à Israël » pour lancer des attaques. Cet attentat suicide palestinien était le premier du genre depuis le retrait israélien de Ghaza. Le même jour, dans la soirée, près de 40 chars israéliens ont investi la ville de Jénine, d'où est originaire le kamikaze palestinien. Un chef local du Djihad et cinq autres citoyens, dont le père du kamikaze, ont été arrêtés au cours de cette incursion. Depuis l'assassinat de Louai Saâdi, des dizaines de militants du Djihad islamique ont été arrêtés en Cisjordanie occupée. Sharon a comme d'habitude fait porter la responsabilité de l'attentat de Khadera à l'Autorité palestinienne et à son président qu'il refuse de rencontrer, l'accusant de ne rien faire contre les mouvements armés palestiniens. Lorsqu'on sait que l'auteur de cet attentat est originaire de la région de Jénine, qui gît sous l'occupation israélienne dont l'armée est responsable de la sécurité, on voit mal comment l'Autorité palestinienne pourrait agir pour empêcher ce genre d'attentats. En fait, Sharon veut ni plus ni moins faire endosser à Abbas cet important échec de ses services sécuritaires. Malgré toutes les mesures draconiennes utilisées pour faire face aux kamikazes palestiniens, les Israéliens se rendent compte à chaque fois combien il est difficile d'arrêter un homme décidé à aller jusqu'au bout de sa mission au prix de sa vie. Les événements que vit la région semblent en tout cas à leurs débuts. Beaucoup de sang risque de couler dans les prochains jours si ce n'est dans les prochaines heures.