Israël a été secoué par une vague d'attentats au moment où les chefs de gouvernement israélien et palestinien se rencontraient. Coïncidence? La première rencontre entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, depuis la prise de fonction de ce dernier comme chef du gouvernement de l'Autorité autonome, a été marquée par un double attentat à El-Qods occupée et en Cisjordanie, contre des objectifs israéliens. Cette vague d'attentats anti-israéliens s'est traduite par la mort de 9 personnes, y compris les trois kamikazes auteurs de l'opération, et plusieurs blessés, bilan, induit notamment, de l'attaque contre un bus à El-Qods occupée. Cette recrudescence soudaine de la violence est à rechercher sans nul doute dans les activités de l'armée israélienne d'occupation qui, la veille de la rencontre entre Sharon et Abou Mazen, avait fait une «descente» musclée sur les localités de Beit Hanoun, Beit Lahiya et au camp de Jabaliya dans la bande de Gaza, où, protégés par 70 blindés et des hélicoptères de combat, des bulldozers ont procédé à la destruction de huit maisons de résistants palestiniens, l'armée israélienne tuant, par ailleurs, cinq Palestiniens. Le moins qui puisse être observé est que le gouvernement israélien loin de faire le moindre geste d'apaisement dans le sillage de l'annonce de la «feuille de route» a, en revanche, dans la perspective de montrer sa force, multiplié les actes de répression contre la population palestinienne. Toute cette violence israélienne contre une population désarmée dans l'indifférence quasi générale de la communauté internationale, laquelle n'a, certes pas, manqué hier de condamner les opérations kamikazes. Personne ne semble vouloir relever les provocations, souvent gratuites, israéliennes qui appelaient à tout le moins la riposte des mouvements de résistance palestiniens. Réagissant à la situation induite par les événements de ces dernières quarante-huit heures, Abdelaziz Al-Rantissi, chef du Hamas à Gaza a affirmé que «la lutte du peuple palestinien ne tient pas compte des rencontres politiques, mais des souffrances endurées par notre peuple sous l'occupation», ajoutant : «La résistance de notre peuple va continuer et c'est cela notre message au monde». Lui faisant écho, l'un des responsables du Jihad islamique, Mohamed Al-Hindi, explique pour sa part, que «les dernières attaques veulent transmettre le message suivant à la communauté internationale: les Palestiniens ne cèdent pas, quelle que soit la force d'agression de l'ennemi» affirmant «Nul ne peut soumettre un peuple qui lutte pour ses droits». Les attentats anti-israéliens de samedi et d'hier, ont quelque peu relégué en arrière-fond la rencontre, samedi, entre les Premiers ministres israélien, Ariel Sharon, et palestinien, Mahmoud Abbas Abou Mazen. Rencontre qui, tout en étant noyée par les bruits d'explosion, aura pratiquement été un non-événement, les deux hommes n'ayant pas eu, manifestement, grand-chose à se dire. Certes, Mahmoud Abbas a pressé son homologue israélien, Ariel Sharon, «d'adopter la ‘'feuille de route''», document de la relance du processus de paix, que les Israéliens refusent dans sa mouture actuelle. Comme l'indiquait dans un communiqué le ministre palestinien de l'Information, Nabil Amr, «Abou Mazen a affirmé que nous acceptions tous les points de la ‘'feuille de route'' tout en pressant le gouvernement israélien de l'adopter officiellement». Le hic en fait, est que Sharon refuse le document tel qu'il a été présenté, récusant notamment le retrait de l'armée israélienne des territoires palestiniens occupés, de même que de geler les colonies juives de peuplement, alors même que leur existence - a fortiori la poursuite de leur édification - constitue un obstacle insurmontable sur le chemin de la paix. Au point de se demander si Israël veut vraiment la paix, et si la communauté internationale, qui n'a jamais manqué de faire pression sur les Palestiniens pour les amener à composition, ne se soit pas trompée d'objectif, en laissant le libre - arbitre à l'occupant israélien. Il est patent que sans le retrait de l'armée d'occupation israélienne, et sans le démantèlement des colonies juives de peuplement, l'érection de l'Etat palestinien, prévue par la ‘'feuille de route'' pour 2005, n'a aucune chance de se concrétiser. Dès lors, si ‘'terrorisme'' palestinien il y a - et, partant, l'insécurité pour Israël et les Israéliens - il faut bien convenir qu'il est largement alimenté par l'irrédentisme israélien. Les Israéliens veulent, à l'évidence, le beurre, la sécurité pour l'Etat hébreu - et l'argent du beurre - le maintien des colonies juives en territoire palestinien. On peut aussi se demander si le parrain américain a bien expliqué l'impossibilité de la chose à son protégé israélien cela, d'autant plus qu'Israël n'a jamais appliqué, refuse d'appliquer, en fait, les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant le retrait total israélien des territoires palestiniens occupés. Faut-il aussi relever qu'Israël, qui exige l'arrêt de la résistance palestinienne, n'a, en revanche, prévu aucun geste salvateur propre à permettre de construire en commun - entre Israéliens et Palestiniens - une paix qui, nécessairement, ne peut se faire qu'à deux entre belligérants.