«Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens: ceux qui les font et ceux qui en profitent.» Napoléon Bonaparte La Révolution algérienne est-elle devenue le nouveau thème du cinéma algérien? C´est en tout ce qu´on déduit de la marche prise par certains réalisateurs qui ont tous choisi comme thème de film, la guerre d´Algérie. Ainsi, après Benboulaïd d´Ahmed Rachedi et Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, c´est au tour de Saïd Ould Khelifa, de préparer un nouveau long métrage sur un autre héros de la Révolution algérienne: Ahmed Zabana, premier martyr guillotiné par les forces coloniales. Le premier coup de manivelle de Zabana sera donné à la fin octobre prochain. Le film est inspiré d´après un scénario signé par l´ancien secrétaire d´Etat à la Communication et DG de l´Enrs, Azzedine Mihoubi, qui prépare également un script sur Larbi Ben M´hidi. Par ailleurs, c´est dans le secret le plus complet que le scénariste de Benboulaid, Sadek Bekhouche, prépare également le tournage d´un film sur la vie du Colonel Lotfi, autre figure de la Révolution algérienne. Au même moment, Ahmed Rachedi réalisateur de Benboulaïd veut faire une carrière solo et projette de faire un film en tant qu´auteur et producteur sur la vie de Krim Belkacem. Enfin, le réalisateur qui a le plus fait de films de cinéma sur la Révolution, Mohamed Lakhdar Hamina, prépare son retour sur la scène cinématographique avec un nouveau film sur le thème de la guerre de Libération: Corvée de bois. Le tournage de cette superproduction est prévu en octobre aussi. Au total, quatre films long métrage sont en préparation pour l´année 2011. Mais qu´est-ce qui a motivé ces cinéastes pour des films sur la Révolution? La première explication est la demande croissante du gouvernement et plus particulièrement du Président Bouteflika qui a instruit les ministères de financer des projets de films sur la Révolution. L´Algérie, il faut le dire, avait cessé de produire des films sur la Révolution algérienne au début des années 90, alors que durant les années 70 et 80, l´Etat avait produit plus de 60 longs métrages de cinéma sur le thème de la Révolution. Le dernier film produit par l´Etat algérien était Fleur de lotus de Amar Laskri en 99 juste avant la dissolution par le gouvernement des deux entreprises cinématographiques Caaic et l´Enpa Depuis, le cinéma algérien s´est tourné vers les films sur la crise identitaire, le terrorisme et les harraga. Contrairement à des cinéastes qui ont fait de la guerre de Libération leur spécialité comme Rachedi, Hamina, Laskri ou Merbah, certains cinéastes dont la filmographie est prolifique n´ont jamais fait des films sur la Révolution, c´est le cas notamment de Merzak Allouache. Pour Moussa Haddad, qui a été assistant de Gillo Pentecorvo dans la Bataille d´Alger, pour se faire un nom dans la profession, il faillait faire un film sur la Révolution. Son téléfilm Les Enfants de Novembre, l´a beaucoup aidé pour faire Les Vacances de l´Inspecteur Tahar. Certains cinéastes locaux voulaient même interdire à des cinéastes installés en France de faire des films sur la Révolution estimant qu´ils n´étaient pas assez nationalistes. Aujourd´hui, cette mentalité rigoriste a disparu, ces derniers ont accepté volontiers de participer à l´essor de certains films sur la Révolution algérienne faits par des cinéastes franco-algériens comme Bouchareb et Mehdi Charef. Les martyrs peuvent dormir en paix, leur mémoire n´a pas été effacée. [email protected]