«Les Américains veulent envahir car ils n´ont pas d´histoire.» Jean-Luc Godard "Extrait de Hollywood contre Billancourt" La diffusion du feuilleton Dakiret El djassed (La mémoire du corps), qui reprend une oeuvre 100% algérienne, a démontré encore une fois la faiblesse de notre production audiovisuelle. Même si le feuilleton de Messaoud Laïb «Le dernier souvenir» possède un bon scénario, il reste que la différence dans la mise en scène et le jeu des comédiens est flagrante. Mais cette différence reste relative au budget de la production alloué à ces produits au montage financier totalement différent dans les pays arabes. On ne peut pas comparer 7 millions de dollars de Dakiret El djassed à 1 ou 2 milliards de centimes du feuilleton de Laïb. Mais ce dernier aurait-il réalisé Dakiret El djassed comme le Syrien Najdat Anzour? Pas si sûr! Pour la première fois depuis l´ouverture de l´audiovisuel dans le Maghreb, la culture algérienne, son histoire et ses traditions sont diffusées sur une chaîne arabe et regardées par des millions de téléspectateurs dans la péninsule arabique. C´est ce qu´on appelle l´exportation de son identité culturelle à travers la télévision, comme le savent si bien le faire les Américains, les Indous ou mêmes les Egyptiens et aujourd´hui les Syriens. Comme l´a si bien dit Samira Hadj Djinali la productrice exécutive de Dakiret El djassed en Algérie, il faut en finir avec la politique du bricolage et penser à exporter sa culture à travers les feuilletons historiques. Si les feuilletons Fatma N´soumer, Benboulaïd et Aïssat Idir, qui répondent aux normes internationales de la dramatique arabe, n´ont pas réussi à être vendus aux télévisions arabes, c´est en grande partie à cause du manque d´assise et de réputation des productions algériennes qui restent à valoriser pour s´inscrire dans la même logique que les Syriens. On aurait souhaité que le débat sur le feuilleton Dakiret El djassed, ne soit pas présenté comme une émission de variétés où se mêle chanson légère et gastronomie à la production lourde d´un feuilleton. On aurait aimé que l´A3 organise une soirée sur la problématique de la dramatique algérienne, comme l´a si bien fait Al Jazeera dans son émission Fi el Omk (dans la profondeur), en invitant trois ténors de la dramatique arabe, le réalisateur syrien, Hatem Ali, le scénariste égyptien, Bachir Eddik et le comédien marocain, Mohamed Miftah qui a souvent joué dans les productions syriennes historiques. Une rencontre fructueuse qui a ouvert le débat contradictoire cher à Al Jazeera sur la concurrence syro-égyptienne dans le film historique et l´absence de la production maghrébine dans le Moyen-Orient. Grâce à Dakiret El djassed¸ les téléspectateurs arabes ont pu découvrir Djaba Fergani, les traditions et les coutumes algériennes, mais surtout l´histoire de la Révolution algérienne pour que personne n´osera, à l´avenir, insulter nos martyrs. [email protected]