«N´oublions jamais que l´art n´est pas une forme de propagande; c´est une forme de vérité.» John Fitzgerald Kennedy En regardant les derniers épisodes du feuilleton polémique Al Gamaâ, on comprend mieux la réaction du fils du père fondateur de l´organisation des Frères musulmans égyptiens, Ahmed Seyf El Islam Hassan Al Banna. Le feuilleton dépeint Hassan Al Banna, comme un homme sans principes, sans personnalité et sans conviction. La scène la plus humiliante, c´est celle qui montre le chef des Frères musulmans, s´effondrant en pleurs lors de sa rencontre avec un haut responsable proche du roi Farouk, suite à l´assassinant du chef de gouvernement Fahmi El-Noukrachi perpétré par un jeune Frère musulman. Hassan Al Banna est montré comme une personne fragile pleurant comme une petite fille et suppliant de ne pas dissoudre Al Gamaâ. Convaincu d´avoir obtenu des garanties politiques, le chef des Frères musulmans est montré ensuite, arrivant au siège de son mouvement, rassuré et triomphant. Mais quelques minutes plus tard, la radio égyptienne annonce que le gouvernement a dissous le mouvement des Frères musulmans. Le réalisateur montre alors Hassan Al Banna perdant totalement son contrôle et frappant sa tête sur la table, de rage. C´est tout sauf l´image d´un chef d´un mouvement religieux pragmatique et charismatique véhiculée par les centaines d´ouvrages sur le chef des Frères musulmans. La volonté de nuire à la personne du fondateur des Frères musulmans est aujourd´hui plus que confirmée. A côté des dérives sur sa personnalité, le feuilleton montre les dérives des islamistes égyptiens comme cette bombe qui devait exploser dans le bureau d´un procureur et qui, finalement, explosera dans la rue et fera plus de 25 victimes innocentes. L´auteur du scénario, Wahid Hamdi, a voulu également montrer Hassan Al Banna comme un chef politique sans engagement politique, en signant des communiqués qui dénoncent des actions des Frères musulmans. D´ailleurs, pour faire parler l´auteur du meurtre du chef de gouvernement El Noukrachi, il a suffi de lui lire le communiqué du chef des Frères musulmans, pour perdre la cause et dénoncer ses commanditaires de l´action. Même si l´histoire retient que Hassan Al Banna n´était pas tout à fait d´accord sur les actes de violence, c´est la manière de présenter les choses qui dérange la famille de Hassan Al Banna qui a décidé de porter plainte contre le ministre égyptien de la Communication, les producteurs et l´auteur du feuilleton, Wahid Hamdi, auprès de la Cour suprême. Les derniers épisodes du feuilleton Al Gamaâ attirent chaque jour de plus en plus de téléspectateurs et on parle aujourd´hui de plus de 50 millions de téléspectateurs en Egypte et plus de 70 millions dans le monde arabe. Les annonceurs se bousculent pour placer leur publicité dans l´espace réservé à ce feuilleton devenu très populaire et qui a battu les superproductions de ce Ramadhan, Cheikh Hamam et Bab El Hara 5 dans les audiences. Fort de ce succès, critique, commercial et populaire, les producteurs préparent même une suite consacrée au successeur de Hassan Al Banna, son gendre Saïd Ramadan et père du très médiatique Tarek Ramadan. [email protected]