«Mieux vaut faire et se repentir, que se repentir et ne rien faire.» Mellin de Saint-Gelais - Extrait de Pour une dame ayant son mari prisonnier des ennemis Alors que le réalisateur Saïd Ould Khelifa prépare le tournage d´un long métrage de cinéma sur la vie du premier algérien guillotiné par l´armée coloniale, Ahmed Zabana, d´après un scénario de Azzedine Mihoubi, la chaîne publique France 2 diffusera le jeudi 4 novembre, en deuxième partie de soirée, un documentaire historique réalisé par Frédéric Brunnquell sur le rapport entre Mitterrand et la Guerre d´Algérie. Ce documentaire est le fruit d´une recherche historique entre l´historien Benjamin Stora et le reporter de l´hebdomadaire Le Point, François Malye. Ce documentaire, programmé juste après le 56e anniversaire de la Révolution algérienne, met l´accent sur l´implication de François Mitterrand, alors garde des Sceaux, ministre de la Justice, dans la mise à mort de 45 militants nationalistes du FLN entre 1956 et 1957. Le documentaire rappelle surtout que Mitterrand, qui a rejeté 80% des recours en grâce des Algériens, avait revendiqué et obtenu l´abolition de la peine de mort lors de la présidentielle de 1981. Le documentaire sortira également sous forme de livre chez l´éditeur Calmann Lévy. Le documentaire donne la parole aux décideurs français de l´époque, mais aussi aux parents des Algériens guillotinés et aux responsables du FLN de l´époque. Malheureusement, ce qui manque pour crédibiliser ce documentaire, est le témoignage capital du principal concerné dans cette affaire, l´ancien président François Mitterrand. Des années après sa mort, les historiens se penchent sur son implication dans la Guerre d´Algérie. Une question reste posée: pourquoi s´intéresse-t-on à ce pan caché de l´histoire de la Guerre d´Algérie, et important de l´histoire de la France coloniale maintenant? L´implication de Mitter-rand dans ce dossier a toujours été avérée. Les chercheurs et les historiens, à leur tête Stora, n´avaient jamais dénoncé ces faits durant le mandat de Mitterrand, encore moins lors de son annonce historique sur l´abolition de la peine de mort en 1981. Le ministre de la Justice de l´époque est-il seul responsable des grâces? Veut-t-on dédouaner les principaux tenants du pouvoir à l´époque dans l´affaire des harkis, des génocides, mais aussi des exécutions des Algériens lors de la Guerre d´Algérie? Qu´est-ce qui se cache derrière cette sortie médiatique et historique? Il y a quelques jours dans l´émission de France 2 «Un jour un destin» sur le parcours de Valéry Giscard d´Estaing, on évoquait l´annonce de François Mitterrand faite lors du face-à-face télévisuel avec la presse, alors que Valéry Giscard d´Estaing avait refusé la grâce à un condamné français de 19 ans, reconnu coupable d´avoir tué une fillette de 6 ans. La question de l´abolition de la peine de mort a contribué à la victoire de Mitterrand lors de la présidentielle de 1981. Mitterrand n´avait jamais évoqué dans ses mémoires ou déclarations cette partie cachée de ce dossier. Sa seule déclaration, sur cette affaire, a été reprise dans le livre de Frantz-Olivier Giesbert, où il a déclaré: «J´ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là.» La disparition de l´ex-ministre de la Justice et l´absence de défense mitterrandienne dans cette affaire, ouvrent la voie à un règlement de comptes en règle contre l´ancien patron du PS au moment où la droite est maltraitée dans la réalité sociale française. Le documentaire français règle des comptes d´une mauvaise gestion française, mais ne rend pas justice aux dizaines d´Algériens guillotinés lors de la Guerre de libération. [email protected]