«Il ne peut dorénavant y avoir qu´un avant et un après la révolution du jasmin et l´avenir est plein de promesses. Collaboration, compromissions, tout cela laisse des traces. Bien sûr, chacun essayera de montrer, à l´image du producteur Tarek Ben Ammar, qu´il s´opposait au régime ou ne s´y mouillait pas.» Olivier Barlet: Le cinéma tunisien à la lumière de la Révolution du jasmin Le producteur franco-tunisien, Tarek Ben Ammar, roule sur l´or apparemment. Après avoir récupéré la contestation de la Révolution de jasmin avec sa télévision Nessma TV, il envisage de récupérer l´un des plus importants symboles de cette contestation, Mohamed Bouazizi. En effet, l´actionnaire de Nessma TV a sauté sur l´occasion et a rapidement décidé de produire un film sur Bouazizi devenu un héros malgré lui pour tous les Tunisiens comme pour le reste du Monde arabe, rapporte le Hollywood Reporter. Alors qu´il tournait un film sur la bourgeoisie moyen-orientale, à travers son nouveau film L´Or noir, réalisé par Jean-Jacques Annaud, le neveu de Habib Bourguiba, président de la Tunisie de 1957 à 1987, s´est trouvé une nouvelle vocation, producteur engagé en politique. Cela doit faire rire de colère Nouri Bouzid et Mahmoud Ben Mahmoud, qui connaissent très bien le personnage, pour avoir refusé de les produire. Selon le producteur, l´écriture de ce film, en prise directe avec l´actualité, devrait prochainement démarrer. Le tournage du film aura lieu dans le courant de l´année avec le soutien de la famille de l´homme décédé le 4 janvier 2011. La totalité des profits générés par le film lui sera par ailleurs reversée. Producteur reconnu, homme d´affaires averti, le Franco-Tunisien, Tarak Ben Ammar, qui n´avait produit que des films étrangers comme La Vie de Brian des Monty Python (1979), Les Morfalous d´Henri Verneuil (1984), Pirates de Roman Polanski (1986), Baaria de Giuseppe Tornatore (2009) ou encore L´Or noir de Jean-Jacques Annaud qui sortira en 2011. Il a participé à la coproduction de deux films algériens Hors-la-loi de Rachid Bouchareb et Parfums d´Alger de Rachid Ben Hadj. Ben Ammar a les moyens de sa politique. Connu pour ses coproductions internationales, il n´a jamais financé un film tunisien qui critique le pouvoir, ni du temps de Ben Ali et encore moins du temps de Bourguiba, où il était le chouchou du pouvoir à l´époque. C´est tout de même étonnant que le patron de Nessma TV s´intéresse subitement aujourd´hui, à la vie modeste de ce jeune Tunisien et à son parcours de martyr de la Révolution de jasmin. C´est pourtant Ben Ammar qui avait signé, selon le Nouvel Obs, la pétition pour un nouveau mandat en 2014 pour Ben Ali. Bouazizi serait-il favorable à cette initiative? En tout cas, Ben Ammar en bon directeur de marketing a su récupérer l´affaire et en faire le point d´orgue de sa nouvelle mission de révolutionnaire. Le film ne demanderait pas un budget colossal et les Tunisiens seront ravis de participer même gratuitement comme figurants dans cette adaptation de la vie d´un jeune Tunisien devenu, du jour au lendemain, le bourreau de Ben Ali et probablement de Moubarek. [email protected]