Sans doute ne faudrait-il que quelques mois aux pouvoirs publics pour venir à bout de cette question. La clarté des pouvoirs publics n'a d'égale que leur célérité à mener à bien les missions de sauvetage et de prise en charge des sinistrés dans des délais raisonnables et jamais atteints auparavant. Le drame, sans doute, dépasse encore tous les comptes rendus et prévisions faits par les pouvoirs publics et les observateurs. Mais le gouvernement, obéissant aux instructions fermes données par le Président de la République, compte recaser l'ensemble des sinistrés dans les plus brefs délais, sans faire de mécontents. Les déclarations faites hier à notre journal par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed-Nadir Hamimid, viennent couper court à toutes les spéculations d'une part, et rassurer les sinistrés, tous les sinistrés, d'autre part. Les logements destinés à la location-vente, qui a redonné espoir aux Algériens sur la possibilité de régler un jour cet épineux problème et de réduire à néant la spéculation qui mine ce secteur, ne seront pas touchés. Cela ne veut pas dire que l'Etat se désengage de la prise en charge des sinistrés. Tant s'en faut. L'Etat, au contraire, compte agir dans la sérénité, mais avec la célérité nécessaire, pour recaser l'ensemble des familles touchées, sans doute avant la fin de cette année. Déjà, en effet, trois mille logements sociaux, non encore distribués, viennent d'être officiellement affectés à cet effet. Ce n'est pas peu dire. Cette quantité, prête à être distribuée, sans doute dans les tout prochains jours, aux familles les plus touchées, représente peut-être le dixième des besoins suscités par le drame d'Alger et Boumerdès. Les pouvoirs publics ont l'intention d'appliquer la méthode qui avait prévalu à la suite des inondations de Bab El-Oued et qui s'est terminée par le relogement de tous les sinistrés dans des délais plus qu'acceptables. Des logements seront dégagés, réquisitionnés, ou réceptionnés au fur et à mesure dans une durée qui ne saurait excéder à peine une poignée de mois. Mais il ne faut pas oublier que dans cette tragédie, le plus grand nombre de sinistrés concerne les propriétaires de villas et d'habitations individuelles. Ces derniers, qui représentent plus de la moitié des sinistrés et qui disposent déjà des assiettes foncières nécessaires, obtiendront, selon le Chef du gouvernement, les aides financières nécessaires à la reconstruction de leurs demeures. Ici, la loi de finances complémentaire entre en scène, qui va permettre de débloquer dans les plus brefs délais les fonds nécessaires, ainsi que l'importation des matériaux de constructions, afin d'éviter la spéculation sur ces produits, puisqu'il existe toujours des spéculateurs véreux, prêts à s'enrichir sur la détresse des autres, comme cela a été, hélas, le cas pour les matériaux de construction, notamment le rond à béton, dans le milieu des années 90 avec les terribles conséquences que nous subissons aujourd'hui. Les pouvoirs publics, qui se veulent rassurants, qui savent comment mobiliser les ressources nécessaires, promettent de reloger tous les sinistrés dans les plus brefs délais, sans doute avant le début des mois froids, porteurs de nouveaux risques pour les pauvres citoyens vivant sous des tentes, voire à la belle étoile. L'exemple de Bab El-Oued est là pour nous le rappeler. Le temps des centres de transit «éternels» est un vieux et douloureux souvenir laissé loin derrière. Les sinistrés d'Alger et de Boumerdès, qui pleurent encore leurs morts en pansant leurs propres blessures, ne doivent se faire aucun doute là-dessus même...