Outre les aides d'urgence, colossales croit-on savoir, l'Etat compte sur une loi de finances complémentaire afin de prendre en charge totalement et définitivement les victimes de ce drame. Les réactions des pouvoirs publics semblent être à la mesure de l'ampleur du drame vécu par le centre du pays depuis mercredi soir. Elles évoluent également avec la même célérité que l'allongement de la liste des victimes, passée hier, à près de 2000 morts et un peu moins de 8000 blessés alors que ces chiffres sont appelés à être régulièrement revus à la hausse du moment que les opérations de recherches se poursuivent au niveau des décombres et que le Chef du gouvernement lui-même, qui préside la cellule de crise mise en place à cet effet, a reconnu qu'il restait encore difficile, voire impossible d'évaluer le nombre de disparus. Face à cette situation exceptionnelle, rarement vécue par notre pays depuis son indépendance, de grandes et urgentes mesures ont été entreprises à peine deux heures après l'annonce du séisme. Le Conseil du Gouvernement, réuni vendredi à la suite des instructions présidentielles données la nuit même du drame, a mis en branle une série de mesures d'urgence visant à soulager les souffrances des sinistrés et de leurs proches et amis. L'ensemble des collectivités locales touchées par le drame et décrétées zones sinistrées a reçu instructions pour acquérir vivres et eaux minérales, y compris sur le marché, afin d'en distribuer immédiatement aux populations. Cette mesure, qui cherche à calmer la colère toute légitime des citoyens et qui vise à éviter les risques d'épidémies dus au manque de nourriture, d'eau et d'hygiène, seront des actions palliatives en attendant qu'arrivent sur place les énormes quantités de produits collectés par les citoyens, les associations, les organisations et les partis, mais aussi acheminés vers l'Algérie à partir des quatre coins du monde. L'unité spécialisée dans la mise en sachets des aides alimentaires et autres est entrée en activité ce vendredi. Elle produit quotidiennement 14.000 unités distribués, assure-t-on, équitablement sur l'ensemble des régions sinistrées du pays sous la direction et le contrôle de la cellule de crise mise en place à cet effet. De gigantesques espaces ont été dégagés au niveau des Pins Maritimes et de l'aéroport d'Alger en vue de stocker les denrées reçues avant de les dispatcher vers les communes et quartiers touchés par le séisme. Outre les chaînes citoyennes particulières mises en place dans presque tous les quartiers de la capitale et du pays, ce sont les agents de la Protection civile, du Croissant-Rouge algérien et des Scouts musulmans algériens, les plus au fait des réalités du terrain, qui ont été chargés de gérer ces aides en amont et en aval. Cette décision, qui réduit des prérogatives des collectivités locales, jugées défaillantes, parfois absentes, par les citoyens, vise à amoindrir, sinon à annuler, les risques de détournement toujours possibles dans ce genre de situations. S'agissant de la distribution quotidienne de repas chauds, le ministère de la Solidarité en a été chargé et des moyens conséquents, aussi bien publics que privés, ont été mis à sa disposition afin de mener à bien cette mission tant matérielle que psychologique. En attendant que l'alimentation en eau potable soit rétablie partout, mais aussi que l'ensemble des sinistrés soient «convenablement» relogés, des citernes itinérantes et fixes seront mises en service par les services de l'Epeal, sur instructions express des pouvoirs publics, afin que les citoyens ne manquent pas de ce produit sans lequel les risques d'épidémies seraient sensiblement aggravés. L'ensemble des lieux de regroupements des sinistrés sera de la sorte couvert au moment où des tentes commencent déjà à être mises en place dans un premier temps. Nous apprenons, en effet, que pas moins de 3000 logements finalisés auraient été dégagés en faveur des sinistrés alors que d'autres habitation, et aides directes aux propriétaires d'habitations individuelles touchées, seraient dégagées dans un avenir très proche. Les pouvoirs publics, qui comptent aller encore plus vite que lors des inondations de Bab El-Oued et le crash de l'avion d'Air Algérie, évaluent fort bien l'ampleur des dégâts et, donc, des aides à consentir. A ce titre, une loi de finances complémentaire doit être finalisée et présentée devant l'APN avant la fin de ce mois. Cette loi, que les députés devraient adopter unanimement, une fois n'étant pas coutume, dégagera les enveloppes financières nécessaires à la prise en charge des sinistrés, y compris par rapport à la reconstruction de leurs habitations et les indemnités estimées à 700.000 DA pour chaque décès. La loi prendra aussi en charge la réhabilitation des édifices routiers, publics, scolaires et autres touchés par le séisme. Les travaux devraient commencer dès les premiers jours de l'été puisque dès l'adoption de la loi, des avis d'appel d'offres simplifiés seraient lancés afin d'aller vite et de tenter d'effacer l'ensemble des séquelles physiques de ce drame avant la fin de cette année. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'équipe Ouyahia a du pain sur la planche...