Les services de l'urbanisme, particulièrement ceux en charge de la prévention des risques naturels lors de la délivrance des permis de construire, ne communiquent pas assez avec les médias. Ils sont occupés à des réunions internes dont la presse ignore royalement l'objet. Tel est le constat que nous faisons après moult tentatives de les contacter. Pourtant il est plus qu'urgent que ces services fassent preuve de transparence au moment où des citoyens et parfois des experts n'hésitent pas à remettre en cause le sérieux et la célérité avec lesquels est délivré le permis de construire, obligatoire pour toute nouvelle construction. A El-Harrach, à l'endroit même où s'est effondré, mercredi, le central téléphonique, des bâtisses sont encore intactes. L'onde de choc meurtrière y a pourtant fauché six âmes. Chaque victimes est la conséquence d'un vice quelconque dans les normes de construction», semble nous dire Mohamed, qui habite tout près de ce qui fut le central téléphonique. Si d'aucuns crient à la -malfaçon- c'est que quelque part la procédure d'obtention du permis de construire, régie par les lois et règlements, a été violée. D'autant plus que la législation est là, bien sévère (loi 90-29 du 1er décembre relative à l'aménagement et à l'urbanisme et le décret 176-91 du 29 mai 1991, relatif à l'instruction et à la délivrance des permis de construire), et contre laquelle tout contrevenant est passible de sanction pénale. Après le terrible séisme de ce 21 mai, les Algériens, qui prennent conscience de l'ampleur du désastre, se posent aujourd'hui des questions. Surtout lorsqu'on sait que des bâtiments d'à peine deux ans d'âge se sont écroulés comme des châteaux de cartes alors que des immeubles centenaires n'ont pas cédé à la terrible secousse. Les experts rappellent, par ailleurs, que rien n'est nouveau sous le soleil et qu'en matière de réglementation et de prévention des risques naturels, l'Algérie a hérité du système colonial. A ce titre, le CTC en est un exemple probant, vu qu'il hérite d'une structure coloniale de même vocation. Il est donc évident que les problèmes qui se posent actuellement au pays, sont soit le fait d'une carence dans la communication et l'information au niveau de tous les maillons de la chaîne, soit d'un manque de persévérance et d'une minimisation des risques naturels encourus. L'insuffisance de la prévention est donc flagrante. En effet, l'utilité des plans de prévention élaborés par les pouvoirs publics n'est plus à démontrer. A maintes reprises nous avons constaté que des lotissements, résultat d'une urbanisation anarchique antérieure à la politique de prévention des risques, avaient été particulièrement endommagés lors des calamités naturelles. Ainsi, le bon sens exige que les Plan de prévention des risques (PPR) soient annexés aux plans d'occupation des sols (POS). Ces plans prévoient les inondations, le mouvement de terrain et les séismes. Des cartes détaillées de ces aléas sont croisées avec celles des habitations ou des infrastructures afin de définir des zones plus ou moins sensibles. Le but est donc clair: la prise en compte spécifique des risques naturels dans l'aménagement et la gestion des territoires. Ils s'imposent à tous, dans la délivrance des permis de construire. Les PPR sont censés réglementer sérieusement la construction dans les zones les plus exposées. Ainsi posons-nous cette question: quelles sont les communes en Algérie dotées d'un Plan de prévention permettant aux maires de refuser d'accorder des permis de construire dans les zones recensées à risques? Les catastrophes subies servent de leçon, nos responsables sauront-ils se montrer de bons élèves? Désormais l'existence d'un péril sismique ne fait plus sourire. Il est plus que vital de regrouper au niveau de l'Etat les responsabilités présentement dispersées concernant la prévention des risques naturels et de mieux y associer les élus locaux.