Le phénomène des faux sinistrés semble prendre de l'ampleur dans la wilaya de Boumerdès. Parmi les 58 sites sinistrés dans la wilaya de Boumerdès, les opérations de sauvetage ont pris fin dans 49. C'est ce que nous avons appris hier au niveau de la cellule de crise de cette wilaya. Par ailleurs, les agents de la Protection civile, aidés par l'armée nationale et les volontaires, suivent les opérations de recherches au niveau des neuf sites dans Corso, Bordj Ménail et les 1200 Logement, (centre de Boumerdès) etc. «Ces opérations vont s'étaler sur quelques jours avant d'abandonner définitivement les recherches», nous explique notre source, affirmant que «les chances de retrouver des survivants sont quasi inexistantes». Sur les sites que nous avons visités, hier, la colère des citoyens était visible «Beaucoup de vies auraient été sauvées si l'intervention des autorités avait été plus rapide» s'écrie un jeune rencontré au niveau de la cité SNTF à Corso. Ce dernier nous apprend que deux corps ont été extraits des décombres lundi soir, et, après l'autopsie du médecin, il s'est avéré qu'ils ont rendu l'âme seulement deux heures avant. «C'est criminel. Il est vrai que la catastrophe est naturelle, mais les responsables sont aussi complices de l'état où en sont les choses.» Un agent de la Protection civile apparemment très touché par «les accusations» des habitants du quartier nous a expliqué: «Notre corps a fait de son mieux pour venir en aide aux sinistrés», tout en reconnaissant «le manque de moyens nécessaires pour intervenir dans ce genre de catastrophe». Et d'ajouter: «Tous les médias mettent à l'index les interventions des secouristes étrangers. Comme si les Algériens ne faisaient qu'observer leurs compatriotes ensevelis sous les décombres, je trouve que cette position est injuste à l'égard de notre corps.» Par ailleurs, dans cette wilaya qui compte plus de 10.000 sinistrés selon les statistiques officielles, et 30.000, selon nos sources au niveau de la wilaya, l'acheminement des aides commence à s'organiser «doucement, mais sûrement». «Nous avons installé plus de 2000 tentes jusqu'aujourd'hui, 5000 autres sont en voie d'acheminement», nous explique notre interlocuteur. Tout au long du trajet, que nous avons pris hier, nous avons remarqué la forte présence de l'armée nationale qui a installé des tentes dans les différents sites sinistrés, mais l'infiltration de faux sinistrés semble compliquer l'opération de recasement. Au niveau de la cité Génie Sider Boumerdès dont les habitations sont menacées d'effondrement, les habitants se sont organisées pour chasser «les intrus». La tension est montée d'un cran après qu un jeune eut menacé «de recourir à la force contre tous ceux qui ne sont pas originaires du quartier». «Ramenez des bâtons et suivez-moi on va les pourchasser», lance-t-il à ses copains. Les sinistrés reprochent aux membres de l'armée nationale leur refus d'intervention. «Nous ne sommes pas là pour reloger les gens, nous ne les connaissons pas, notre travail se limite à l'installation des tentes», nous dira le responsable du camp. Celui-ci déplore la réaction impulsive des familles sinistrées. «C'est ainsi qu'on nous remercie?», s'interroge-t-il. Le phénomène des intrus semble prendre de l'ampleur dans la wilaya de Boumerdès; «ce qui complique le recensement des sinistrés» ; selon notre source. Concernant la distributions des denrées, et malgré le rappel de la cellule nationale de gestion de crise affirmant que «toute collecte et distribution de dons par des individus ou des associations directement auprès des citoyens demeure formellement interdite». Cela n'a pas empêché ces derniers de continuer d'affluer sur les zones sinistrées. «Je fais ça sans aucune arrière-pensée, donc je ne me sens pas concerné par cette note», nous dira ce quadragénaire venu de Boghni. C'est l'avis aussi de ce commerçant qui a transporté du lait pour enfant pour les sinistrés de la cité Géni Sider. De l'avis du responsable du camp du Croissant-Rouge «Ces volontaires entravent les opérations de distribution des denrées.»