Ils se faisaient passer pour des éléments du Croissant-Rouge algérien. Le séisme, qui a frappé la population de la wilaya de Boumerdès, constitue une aubaine pour les voleurs et même les terroristes. Au lendemain de la catastrophe naturelle, un policier a été assassiné dans les alentours de Zemmouri. Par ailleurs, cinq à sept personnes, des jeunes âgés entre 18 et 25 ans, ont été arrêtées dernièrement pour vols par les brigades de gendarmerie de cette wilaya et ont été présentées devant le tribunal de Boumerdès. Elles sont actuellement emprisonnées à El-Harrach (Alger). D'autres jeunes, habitant les cités et quartiers sinistrés, ont été découverts, les premiers jours qui ont suivi le tremblement de terre, transportant des meubles et d'autres effets personnels. Bon nombre d'entre eux ont été relâchés, après vérification de leur identité ou après intervention des membres de leurs familles. Dans certaines régions de la wilaya de Boumerdès, particulièrement celles affectées par le séisme, comme Bordj Ménaïel et Dellys, des citoyens nous ont signalé des incursions de “bandes de terroristes”, qui auraient investi des lieux de stockage des produits destinés aux familles sinistrées, y compris des mosquées, et qui se seraient grassement servies. Il est actuellement très difficile de confirmer s'il y a eu bel et bien intervention de terroristes ou s'il s'agissait simplement d'escrocs et de voleurs, convoitant les convois d'aide humanitaire et profitant du malheur des victimes de la catastrophe du 21 mai dernier. Le capitaine Mohamed Aniter, chef de bureau de la sécurité publique et routière, au groupement de gendarmerie de Boumerdès, nous a fait part hier de l'arrestation à Zemmouri de deux individus à bord d'un véhicule 306, qui se sont faits passer pour des éléments du Croissant-Rouge algérien, afin de détourner des produits alimentaires, envoyés dans le cadre de la solidarité avec les sinistrés. Selon ce responsable, l'enquête menée par la section de recherche de la Gendarmerie nationale est en cours. Le capitaine Aniter, qui est membre de la cellule de crise de la wilaya de Boumerdès, nous a également renseignés sur les différentes facettes de l'intervention du corps de la gendarmerie, depuis les minutes qui ont suivi le séisme. Le groupement de Boumerdès a enregistré 32 morts et 58 blessés. Il a aussi comptabilisé l'effondrement de cinq brigades (locaux), dont trois brigades territoriales (à Zemmouri, Corso et Sidi Daoud) et deux brigades de sécurité routière (à Zemmouri et Corso), ainsi que l'endommagement de plusieurs véhicules et unités. En dépit de ces pertes, la gendarmerie a mobilisé ses éléments, les uns se chargeant de déterrer leurs morts et les autres, plus nombreux, partis porter secours aux citoyens et assurant en parallèle la sécurité des biens publics et particuliers, de même que la circulation. À partir du 22 mai 2003, une nouvelle mission sera confiée aux gendarmes : escorter les convois (aide alimentaire, engins envoyés des autres wilayas) et les délégations étrangères. Une fois les sites d'hébergement (camps de toile et écoles) des sinistrés installés, ce corps militaire se chargera également de leur sécurité. Selon le capitaine Aniter, “la gendarmerie maîtrise actuellement la situation” dans la wilaya. Elle a été renforcée, récemment, par des unités d'intervention des autres circonscriptions et d'autres brigades spécialisées. À présent, la gendarmerie semble mieux rodée et plus consciente des enjeux et dangers. Et pour preuve, une nouvelle organisation a vu le jour : création de sept sous-groupements dans les zones touchées de la wilaya. Une organisation applaudie par les familles sinistrées, pourtant accablées et méfiantes. H. A. Disponibles et gratuits Les Télécoms sont là H. A. On ne le dira jamais assez : la société de téléphonie Djezzy et l'entreprise publique Algérie Télécom ont joué un rôle primordial dans le nouveau drame qui endeuille les familles de la wilaya de Boumerdès. Toutes deux ont mis leurs appareils de téléphone gratuitement à la disposition des sinistrés du séisme. Mais, c'est surtout Algérie Télécom qui a offert le plus de services, permettant aux victimes d'appeler non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur du pays. “C'est notre manière de nous solidariser avec les sinistrés”, nous a confié, hier, Djamel Slimani, inspecteur principal au niveau de la Direction des postes, des télécommunications, de l'information et de la communication (DPTIC) de la wilaya de Boumerdès. Selon ce membre de la cellule de crise, cette initiative a été prise “pour permettre aux sinistrés de communiquer avec les autres”. Concrètement, Algérie Télécommunications de Boumerdès a, dès le 24 mai, mobilisé 36 lignes fixes, 8 lignes Thuraya (par satellite) et 2 stations satellitaires à Zemmouri et Tidjelabine, où les centraux ont été totalement détruits. Cette opération se poursuit actuellement au niveau des lieux de regroupement des sinistrés du séisme et est hautement appréciée par ces derniers, également reconnaissants vis-à-vis de Djezzy. Pourtant, il ne faut pas crier rapidement victoire, car le secteur de la poste et des télécommunications a été fortement affecté dans cette wilaya. Le bilan provisoire montre ainsi que 6 bureaux de poste ont été détruits et 2 centraux démolis, sans oublier les réseaux de câbles et les canalisations qui ont été endommagés dans plusieurs régions de la wilaya. Selon M. Slimani, le montant des dégâts matériels est estimé à près de 213 millions de dinars. Seulement, l'entreprise publique algérie-Télécom a aussi enregistré plusieurs décès dans les rangs de ses employés, victimes du tremblement de terre et des graves anomalies rencontrées dans les normes de construction. L'heure est encore à l'urgence : réconforter et secourir les sinistrés, y compris ceux qui travaillent dans le secteur. Le moment des comptes viendra après…