La cellule de crise centrale et les autres cellules de crise “sectorielles” semblent mieux maîtriser la situation au niveau de la wilaya de Boumerdès. C'est du moins ce que laissent entendre les responsables approchés de cette wilaya, qu'ils soient civils ou militaires. Selon le responsable de la cellule de crise, chargé de l'évaluation et du bilan des dégâts du séisme du 21 mai dernier, Mokrane Chenoune, les autorités sont passées à “une autre phase”, celle de la prise en charge des familles sinistrées au niveau des 86 “sites d'hébergement” (écoles et camps de toile), comprenant l'accès aux différents soins (médecins et psychologues) et aux commodités : eau, électricité… M. Chenoune a rappelé que 6 433 bâtisses ont été expertisées par les 180 experts (architectes et ceux du CTC), dont 5 249 habitations et 186 bâtiments administratifs. Il a également souligné que sur l'ensemble des bâtisses expertisées de la wilaya de Boumerdès, 3 455 sont “au vert”, c'est-à-dire pouvant être réoccupées, 1 895 sont “à l'orange”, exigeant ainsi une réhabilitation, et 1 084 sont “au rouge”, devant être démolies. Il n'en demeure pas moins que des “expertises en profondeur” seront de nouveau effectuées dans les jours à venir et toucheront les bâtisses à la croix orange. Côté élément humain, on dénombre 1 378 morts dans toute la wilaya et 3 444 blessés ainsi que 1 222 disparus. D'après les responsables de la cellule évaluation et bilan des dégâts, les différentes communes de la wilaya ont enregistré entre 8 000 et 10 000 familles sinistrées. Ce nombre sera revu à la baisse après réoccupation des habitations marquées au vert et à l'orange. En attendant que la situation se stabilise relativement, que les magasins rouvrent, que les salariés perçoivent leur traitement mensuel et accèdent à un semblant de confort, les pouvoirs publics ont décidé, selon M. Chenoune, de distribuer des “colis” pour chaque famille de 7 personnes, chaque semaine, contenant les aliments de première nécessité, eau minérale, pâtes, biscuits… Chaque camp serait doté d'un “magasin de stockage”, où parviendraient les dons pour les sinistrés. Cette organisation aidera-t-elle la wilaya à se relever de son traumatisme et à combattre le phénomène de pauvreté qui guette les sinistrés ? Il est trop tôt pour se prononcer sur un tel scénario, même si des familles affectées durement par le tremblement de terre et des fonctionnaires ont du mal à croire au “miracle”. C'est au niveau de la cellule d'écoute, installée au siège de la wilaya de Boumerdès, que l'on mesure tout le drame du 21 mai dernier. Cette cellule, dirigée par Mme Tabti, chef d'inspection de la Fonction publique, fait face jour et nuit aux doléances des sinistrés, de leurs proches et des citoyens en général. “Actuellement, nous recevons des appels pour des adoptions d'enfant, des dons, des tentes et des avis de recherche”, résume la responsable. Et c'est grâce aux 10 appareils de téléphone et aux six personnes mobilisées au sein de la cellule d'écoute que les gens sont orientés, les uns, vers la cellule de l'action sociale ou celle de l'alimentation générale, et les autres vers la cellule de crise Sûreté nationale (Tel. : 024 81 49 00), notamment pour les cas de disparitions. Selon Mme Tabti, “beaucoup de personnes” continuent à rechercher leurs proches résidant dans la wilaya. L'avis de recherche est alors envoyé à la Sûreté nationale, puis à l'ensemble des chaînes de radio et à la télévision. Il est attendu un relais au niveau de la presse écrite. Profitant de notre passage, la chef d'inspection lancera plusieurs appels. D'abord aux commis de l'Etat pour qu'ils rejoignent leur poste de travail ou pour renforcer les différentes cellules de crise. Ensuite aux donateurs, leur demandant d'envoyer des sous-vêtements pour femmes (slips, soutiens-gorges et serviettes hygiéniques). Enfin, aux entrepreneurs habilités à apporter un plus en matière d'hygiène et de désinfection des camps. Mme Tabti semble déjà satisfaite après l'accord de la Sarl Top-Hygiène (privée) qui se chargera de la désinfection de l'hôpital UMC et de la salle omnisports de Boumerdès qui a été transformée en morgue. H. A.