Les citoyens de cette commune étaient dubitatifs sur les raisons qui ont poussé les autorités à ne pas avoir démoli l'immeuble qui menaçait ruines. Avant-hier à 18h 11, la tour de 15 étages située à Reghaia s'est effondrée ensevelissant, selon les témoignages, une dizaine de personnes après l'intense secousse tellurique de magnitude de 5,8 degrés sur l'échelle de Richter. Il faut dire que cette tour qui se dresse au centre d'un groupe d'immeubles fissurés et désertés, a été gravement éprouvée par le séisme du 21 mai dernier et a soulevé un immense nuage de poussière visible de la ville de Rouiba. Les trois étages inférieurs de la tour ont été littéralement soufflés lors de la première secousse, contrairement aux douze étages supérieurs, restés intacts. Malgré la constante menace que représentait cette tour, des citoyens ont pris le risque «d'y accéder pour récupérer des affaires à l'intérieur». C'est le cas du jeune Nassim qui, nous dit-on, «a fait fi des conseils de ses voisins et copains et s'est décidé à gravir les treize étages où se situait le domicile de ses parents». On a appris que d'autres personnes dont un vieux et deux de ses enfants avaient eu la même idée et ont été surpris par la secousse. Sur les lieux du désastre, les forces de sécurité n'ont pas pu contenir la grande foule venue apporter leur aide pour sortir les survivants dont les voix se faisaient entendre des décombres. La mobilisation était totale. Gendarmes, infirmiers, policiers, sapeurs pompiers, citoyens de tout âge, militaires formaient une chaîne pour dégager les débris afin de faciliter l'intervention des pelles mécaniques et des grues. «Nous ne pouvons pas utiliser les grues immédiatement après l'effondrement de peur de produire un autre affaissement qui pourrait être fatal pour les potentiels survivants, c'est pour cette raison que nous tentons de les repérer d'abord pour les secourir», nous lance un officier de la Protection civile qui confirme l'existence de survivants. Dans le remue-ménage qui a suivi la catastrophe, des jeunes adolescents éclatent en sanglots. L'émotion était très forte et les sapeurs pompiers leur prodiguaient les conseils et secours nécessaires. Alors que des centaines de personnes s'attelaient à déblayer les débris, d'autres s'étaient empressées de guider la grue géante que des poutres à même le sol gênaient pour avancer. Dans la rue parallèle, les fidèles s'apprêtaient à effectuer la prière d'El Aâsr à l'intérieur de la mosquée fissurée elle aussi. Des bruits circulaient parmi la foule, faisant état de graves dégâts occasionnés à bon nombre de bâtisses dans la même localité et dans la wilaya de Blida. La compassion envahit le coeur de toute la population, certaines personnes se sont révoltées de l'absence des autorités locales auxquelles ils reprochent «de ne pas avoir eu la présence d'esprit de démolir cette tour qui menaçait de s'écrouler». A 20h, alors que la nuit avançait, les secouristes ne désespéraient pas de sauver des survivants alors que la foule était aux aguets et redoutait une nouvelle secousse. Les citoyens s'organisaient pour «passer une nouvelle nuit où une imprévisible frayeur peut frapper». Le malheur qui a frappé l'Algérie a toutefois démontré «l'incontestable esprit de mobilisation et de solidarité du peuple algérien». C'est dire que parmi la foule de sauveteurs, certains avaient oublié de porter secours aux membres de leur propre famille pour assister les autres, aussi bien pour les forces de sécurité que pour certains «miraculés du séisme de Chlef qui ont mis les bouchées doubles dans les opérations de sauvetage». Un exemple concret d'altruisme dont les Algériens connaissent la valeur dans les moments difficiles.